Les réseaux de surveillance de l'air veulent repositionner leurs missions

Les réseaux de surveillance de la qualité de l'air veulent repositionner leurs missions, avec l'évolution des technologies et des polluants et interpeller l'Etat sur leur nouveau métier de prévisionnistes des épisodes de pollution et d'experts en matière d'évaluation des risques.

Réunies à Lyon pour leurs rencontres annuelles, les 40 associations du dispositif français, membres de la fédération ATMO, ont annoncé la création d'états généraux sur la qualité de l'air, fin 2003 ou début 2004.

Ces réseaux, contrôlés par l'Etat, les collectivités locales, les industriels, et des associations de protection de l'environnement, ont pour principale mission la surveillance de la qualité de l'air dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants, à l'aide de quelque 2200 capteurs, et l'information du public en cas de dépassement des seuils d'alerte.

Ainsi, 40 pics de concentration à l'ozone ont été dénombrés en 2001 dans la seule ville d'Aix-en-Provence, 20 à Marseille.

Mais, une fois détectée, l'alerte à la pollution, transmise aux pouvoirs publics et aux médias, "arrive fatalement trop tard", regrette Michel Elbel, président de AirParif, qui surveille l'air en Ile-de-France.

"On doit fournir une information anticipée tant au public qu'aux décideurs, on peut agir sur ce qu'on prévoit, plus que sur ce qu'on observe", renchérit Philippe Lameloise, directeur de AirParif.

A Paris, lorsqu'une pollution est annoncée pour les jours suivants, la mairie annonce la gratuité des parkings et la préfecture prend des mesures de limitation de vitesse sur les routes, ajoute M. Lameloise.

Frédéric Bouvier, directeur de Coparly, l'association chargée de la surveillance de l'air dans le Rhône estime qu'à Lyon, "on a des outils qui ne sont pas utilisés pour la prévention". Il prône l'"homogénéisation" des missions sur tout le territoire.

"On doit avoir un rôle préventif", selon Michel Reppelin, président de Coparly qui raconte comment une "bulle d'ozone", récemment détectée à Lyon, s'est déplacée quelques heures après sur la ville de Saint-Etienne, sans aucune mesure d'information.

"Les besoins ne sont plus les mêmes aujourd'hui", souligne M. Bouvier, "les sources de pollution ont évolué (...) les industriels ont amélioré leurs rejets et, à l'exception de Rouen, Le Havre et le pourtour de l'étang de Berre, la pollution au dioxyde de soufre disparaît".

Or, il y a encore 489 analyseurs de dioxyde de soufre sur le territoire, alors qu'"une centaine suffirait", estime encore M. Bouvier.

"Il faut que l'Etat se positionne de façon plus claire, sur ce qu'il est prêt à financer", demande également Carole Génevé, directrice d'Airmaraix (Marseille, Aix-en-Provence, Toulon et Avignon).

"On sent qu'il faut aller vers plus de proximité, plus d'expertise sur la qualité de l'air", ajoute-t-elle, "il y a de plus en plus de demandes des villes en matière d'évaluation des risques. On travaille sur l'implantation d'une crèche, la construction d'un incinérateur...".

"Dans les grandes agglomérations, les épidémiologistes disent bien que c'est la pollution de tous les jours qui pose problème, et pas seulement les pics", poursuit M. Elbel d'AirParif.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !