Attendus le 9 octobre pour participer au dixième congrès de l'Association des régions de France au centre Pierre-Baudis à Toulouse, les présidents de région ont été accueillis par une centaine de manifestants dénonçant « la réforme territoriale, le plus grand plan social de licenciements de l'Etat ». Conduits par le syndicat CGT collectivités, ils avaient à leur côté des salariés d'Eiffage construction dénonçant, eux, « l'incompétence et la spéculation immobilière » de leur entreprise leur « imposant un accord de compétitivité qui instaurerait un horaire de travail hebdomadaire de 42 heures payées 35 ». Le ton était donné pour rappeler que ce dixième congrès, le dernier à 27 régions, dans un contexte de crise, était différent des précédents. Dans un an, doivent se tenir les élections régionales, et les régions sont à la veille d'une réforme, dont elles espèrent qu'elles leur donneront plus de compétences et de ressources pour trouver des réponses à la crise.
Dans son discours d'ouverture à ce dixième congrès organisé sur la thématique « Redessinons la région », Martin Malvy, le président du conseil régional de Midi-Pyrénées, qui a dénoncé un « Etat demeurant présent, même et peut-être surtout, quand il est inactif », a ainsi insisté sur la nécessité de la « reconnaissance de la capacité des régions à porter une partie du redressement de la France (…). C'est cette reconnaissance – et elle seule – qui justifiera la nouvelle organisation territoriale, avec la coordination des transports et l'affirmation prescriptive des schémas (...). Sans oublier les moyens (...) ».
Clarification
Attendu le 10 octobre pour conclure le congrès, le Premier ministre Manuel Valls devra répondre à cet appel de clarification. « J'aimerais que sorte de ce congrès une idée. Que le couple qui marche c'est celui du couple régions-PME ( …).Donc, à l'évidence, nous attendons du premier ministre que le deuxième texte de loi précisant les compétences doit aller plus loin que le brouillon qui existe aujourd'hui . (…) Aujourd'hui, il y a trop d'intervenants en matière de développement économique. On mesure bien le coût de gestion de la politique d'accompagnement des PME», a poursuivi le président de l'ARF et président du conseil régional d'Aquitaine, Alain Rousset.
Que ce soit dans son discours introductif ou lors de la conférence de presse donnée en milieu de journée, l'élu socialiste a souligné un paradoxe : « La région est la collectivité qui perçoit le moins la contribution à la valeur ajoutée. Nous demandons, devenant le seul interlocuteur portant le développement économique, d'avoir cette recette. Préciser les compétences, conforter les recettes(...). Nous voulons avoir les moyens pour faire notre job à l'égale des régions européennes », a-t-il martelé.
En clair, les régions attendent la confirmation du transfert des compétences, autres que sociales, des départements vers les régions. Ils réclament une revue des missions de l'Etat sur le territoire qui passerait notamment par un recentrage sur ses missions régaliennes.
Le 9 octobre, l'annonce par Ségolène Royal de l'abandon de l'ecotaxe n'avait pas encore fait le tour de tous les congressistes. La ministre de l'Ecologie était attendue dans l'après-midi pour intervenir à la table-ronde sur la mobilité durable, l'aménagement du territoire et l'organisation de la transition énergétique. Finalement, elle n'est pas venue, son absence provoquant plutôt le sourire chez les congressistes.
Interrogé sur l'abandon de l'écotaxe, le président du conseil régional de Midi-Pyrénées, le socialiste Martin Malvy a déclaré « ne pas avoir de commentaire à faire, même si je pense que c'était une bonne mesure et qu'une faute a été commise en commençant à la mettre en œuvre en Bretagne. Se pose aujourd'hui la question de savoir comment financer les infrastructures». «Une solution serait d'attribuer aux régions une partie des bénéfices des autoroutes pour financer les transports en commun. Cela serait bien que la route paie une partie du développement du fer», estime l'élu.
Le 10 octobre, le premier ministre Manuel Valls devra aussi lever les interrogations concernant les contrats de plan Etat-Région, dont la première copie ne convient pas aux régions. Au sein de l'ARF, on s'interroge notamment sur le financement des projets mobilité. Les 6,6 milliards d'euros annoncés par l'Etat ne répondraient pas aux enjeux