Quel avenir pour le Grand Paris ?
Pour Bertrand Lemoine, directeur général de l’AIGP, le Grand Paris en tant que dynamique globale ne disparaîtra pas : « Il existe un élan, une attente de la population et, fait nouveau, une conscience métropolitaine. Les élus sont de plus en plus impliqués à travers Paris Métropole. » En cas de changement de majorité en 2012, « le dispositif (loi sur le Grand Paris notamment) sera sans doute remis sur le métier pour que les collectivités locales soient plus maîtresses du jeu », pronostique Pierre Mansat, président de l’AIGP. Pas de remise en cause en revanche du projet de métro automatique car « le consensus qui a permis de l’obtenir le rend irréversible », note Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France. « En attendant, lance Vincent Capo-Canellas, sénateur et maire du Bourget, il faut arrêter de rêver au Grand Paris et expliquer comment le faire concrètement. »
Quels financements ?
Certains élus s’inquiètent du financement des contrats de développement territorial (CDT). « Pour l’instant, l’Etat n’est pas en mesure de nous répondre », note Vincent Capo-Canellas. Ce dernier considère que le nombre de CDT (17), élevé à ses yeux, risque de conduire au saupoudrage. « N’aurait-il pas fallu dégager des lignes forces et retenir d’abord trois grands pôles de développement ? » Pour Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, l’heure est à la définition des orientations stratégiques du CDT : « Une fois l’accord-cadre signé avec l’Etat, début 2012, nous aurons un an pour boucler le financement. » A la préfecture de région, on explique « qu’il n’existe pas de projet de territoire préfinancé à quinze ans ».
Quelle gouvernance ?
A l’échelle de la métropole parisienne, « les politiques publiques n’apparaissent pas assez efficaces dans leur mise en œuvre, d’où un problème de gouvernance », constate Pierre Mansat. Pressenti pour prendre la présidence de Paris Métropole, Patrick Braouezec, plaide pour une gouvernance qui serait politique, c’est-à-dire prenant les décisions sur les grands sujets (développement économique, logement, transport, environnement…) mais aussi partagée par tous les acteurs concernés. « Sous réserve d’une modification du cadre législatif, Paris Métropole pourrait répondre à cette double exigence avec un conseil syndical (les collectivités adhérentes), un bureau exécutif et une présidence. »
QUelle articulation CDT/schéma directeur ?
L’élaboration concomitante du schéma directeur (Sdrif) et des CDT permettra-t-elle d’aboutir à une vision partagée de l’avenir de la région capitale ? « Les projets d’aménagement définis dans les contrats de développement territorial devront s’intégrer dans le cadre du Sdrif », insiste Jean-Paul Huchon. « Le CDT est un outil qui s’inscrit en complémentarité et non en opposition avec le schéma directeur », assure Maurice Leroy, ministre de la Ville et du Grand Paris. Selon Pierre Mansat, « le Sdrif renforcera son caractère stratégique s’il se nourrit des CDT et du travail des architectes ». Pour Patrick Braouezec, « la bonne relecture du Sdrif serait de réfléchir en termes de pôles structurants. Ainsi, il n’y aurait plus de ventres mous ».
Comment construire70 000 logements par an ?
Les élus posent au moins deux conditions à cet objectif ambitieux : une aide aux maires bâtisseurs et la mobilisation du foncier public. Jean-Paul Huchon et Bertrand Delanoë défendent aussi l’idée d’une autorité organisatrice du logement. Le maire de Paris propose même de la doter de pouvoirs coercitifs à l’égard des collectivités ne respectant pas leurs objectifs. « On devra disposer d’une multitude d’outils différents, et on ne pourra pas s’affranchir d’une densification », admet le préfet de région, Daniel Canepa. D’où ses attentes à l’égard de l’AIGP « qui pourrait se faire l’avocat de la compacité ».

