Les professionnels du cadre de vie doivent anticiper les changements climatiques

Image d'illustration de l'article

Un rapport de l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) prédit que le changement climatique aura "des conséquences colossales" en France. Anticiper ce réchauffement dans l’aménagement du territoire, l’urbanisme et la construction devient une nécessité. En attendant, fabricants et marchands de climatiseurs profitent de la chaleur.

Vendredi 24 juin, l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) a rendu public son premier rapport depuis sa création en 2002. Ce document consultable en ligne donne des sueurs… froides. Ainsi, le changement climatique sera beaucoup plus prononcé en Europe et notamment en France que dans d'autres pays développés. Il se traduira par une hausse moyenne du thermomètre au 21ème siècle "de 2 à 4 degrés en hiver et de 4 à 7 degrés en été" en France contre 3 degrés à l'échelle mondiale, selon un scénario fondé sur un bon doublement des concentrations de gaz carbonique dans l'atmosphère (850 parties par million en 2100 contre 380 ppm actuellement). Aucun scénario "ne prévoit un adoucissement des conditions météorologiques ou climatiques" pour la France.

"Les simulations prévoient en France une aggravation générale des événements extrêmes de grande échelle" (canicules, inondations et sécheresses, d'une durée relativement longue et affectant une superficie importante). Elles "demeurent plus incertaines" pour les "événements extrêmes de courte durée et de forte intensité" (tempêtes, orages sévères, cyclones tropicaux).

Pour le sénateur Paul Vergès, qui préside l'ONERC, le gouvernement doit finaliser le plus vite possible la stratégie nationale d'adaptation aux conséquences du changement climatique qu'il a prévue dans son Plan climat 2004. "Force est de constater qu'en l'absence de mesures réelles d'adaptation, la France n'est pas à l'abri de nouvelles catastrophes", a-t-il averti.

L'Observatoire préconise un "fonds spécifique pour financer les actions d'adaptation au changement climatique en France". Il propose 90 indicateurs pour suivre localement les impacts (eau, énergie, habitat, transports, santé, agriculture, biodiversité).

Des "scénarios climatiques régionaux de référence" devront être établis pour permettre aux décideurs "à tous les niveaux" d'anticiper le réchauffement dans l'urbanisme et l'aménagement du territoire.

"Le changement climatique doit être pris en compte dès aujourd'hui" dans les documents de planification et donc dans la conception des bâtiments et des infrastructures avertissent les experts.

En attendant, ces changements profonds, les Français ont recours au système D et se ruent sur les climatiseurs et les ventilateurs qui commencent à remplir les têtes de gondole dans les magasins. Une aubaine pour les vendeurs et les fabricants qui espèrent bien profiter de la vague de chaleur en France pour écouler les stocks de l'été dernier.

Après l'été caniculaire de 2003, les professionnels avaient veillé l'année suivante à éviter toute rupture de stocks. Mais l'été dernier n'a pas été particulièrement chaud. Les ventes avaient démarré fort en début d'année, les clients craignant d'être pris de court, puis s'étaient arrêtées ensuite.

"L'année dernière, il y a eu du stockage, les particuliers ont cessé de s'équiper et les fabricants avaient beaucoup de matériel en stock", explique une responsable de Daikin, fabricant japonais et leader sur le marché français des climatiseurs.

Moins gourmands en énergie, mais moins efficaces, les ventilateurs se vendent comme des petits pains. "Le ventilateur, c'est un produit de l'excès, on le veut tout de suite", explique Gérard Salommez, directeur général du groupe Seb France, qui distribue des ventilateurs sous la marque Calor. "Pendant la canicule de 2003, il se vendait même des radiateurs soufflant qui avait une position air frais!"

Les installateurs de climatiseurs sont aussi sur le qui-vive. "L'installation de la clim est une décision très instinctive, même pour les bureaux, si on peut pas l'installer sous quinze jours, on ne fait pas l'affaire", explique Patrick Clavreul, président de Climsure, qui fédère des installateurs professionnels.

En France, le réflexe de la climatisation n'est pas encore ancré dans les moeurs, par rapport à des pays comme le Japon ou les Etats-Unis, indique M. Clavreul. Mais, selon lui, la France y viendra. "Vous travaillez dans un bureau climatisé, vous prenez votre voiture climatisée, et vous arrivez chez vous c'est pas climatisé ?", assure-t-il.

J-P. Defawe (avec AFP)

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !