Les quelque six millions de consommateurs portugais pourront choisir leur fournisseur d'électricité à partir de lundi prochain dans le cadre de la libéralisation du secteur de l'énergie qui ne débouchera pas forcément sur une baisse des tarifs.
"C'est la dernière étape du processus de libéralisation du marché de l'énergie" au Portugal, a expliqué à l'AFP José Afonso, directeur de l'Entité de régulation des services énergétiques (ERSE).
Décidée au niveau européen il y a une dizaine d'années, la libéralisation du secteur de l'électricité va mettre en concurrence plusieurs fournisseurs. Les pays de l'Union européenne ont jusqu'à la fin 2007 pour procéder à la libéralisation totale du secteur.
Au Portugal, cinq sociétés se sont enregistrées auprès de l'ERSE pour se partager ce marché. Outre EDP Corporate, filiale de l'opérateur historique Energias de Portugal, on trouve quatre groupes espagnols: Iberdrola, Union Fenosa, Enel Viesgo et Endesa qui a choisi de s'associer au portugais Sonae.
Mais, pour l'instant, les concurrents d'EDP, qui perdra ainsi le monopole du secteur, n'ont pas dévoilé leur stratégie.
"Nous sommes dans l'attente. Nous ne savons pas ce qui va se passer. Nous ne connaissons pas la stratégie commerciale des différents groupes", explique le responsable de l'ERSE qui attend que les opérateurs lui communiquent leurs tarifs.
L'ouverture du marché de l'énergie survient dans un contexte difficile, s'accordent à expliquer les spécialistes. La hausse des prix du pétrole, qui entraîne des coûts de production élevés, et la possibilité pour les opérateurs de fixer librement leurs tarifs à partir de 2007, risquent de ne pas jouer en faveur du consommateur.
"Il n'y a pas de miracles. Les prix devront augmenter" à partir de 2007, a d'ores et déjà déclaré à la presse Nuno Ribeiro da Silva, président de la branche portugaise d'Endesa.
"Les tarifs en vigueur aujourd'hui ne reflètent pas les véritables coûts (de production de l'énergie)", a-t-il expliqué, estimant que ce "déficit énorme" devra être répercuté dans les factures tôt ou tard, alors qu'actuellement l' augmentation des tarifs, régulés par l'ERSE, ne fait que suivre le taux d'inflation.
"Les prix pratiqués par le système public sont très compétitifs. Ils seront difficiles à battre dans un marché libre", affirme M. Afonso.
Dans ce contexte instable, les opérateurs sont assez réticents et préfèrent attendre avant de se lancer.
"Pour proposer des prix plus intéressants, certains s'orientent plutôt vers des offres proposant une utilisation plus efficace de l'énergie", indique le responsable portugais.
Le processus de libéralisation du secteur énergie a commencé il y a environ six ans au Portugal. Les clients haute, moyenne et basse tension spéciale, essentiellement des entreprises, pouvaient déjà choisir leurs fournisseurs depuis 2000. Cela concerne environ 13.000 clients.
Le volume annuel de la consommation d'énergie au Portugal s'établit à 34.271 mégawatt/heure, ce qui représente un chiffre d'affaires de plus de 4 milliards d'euros.
AFP
