Quatrième marché d’Equans en termes de chiffre d’affaires (près d’1,3 Mds € derrière la France, le Royaume-Uni et la Belgique, à égalité avec les Etats-Unis), les Pays-Bas sont confrontés au meilleur et au pire de la transition énergétique. Contraint de sortir de leur dépendance au gaz naturel du fait de l’arrêt en octobre 2023 de la production nationale et afin de réduire leurs émissions de CO2 (avec un objectif de -55% en 2030 et neutralité carbone en 2050), le pays a fait le choix de l’approvisionnement massif en énergie renouvelable mais se retrouve confronté, dans le même temps, à un problème majeur : leur réseau électrique est saturé.
Alors que des travaux ont été entrepris pour adapter ce réseau, il faut en attendant gérer au plus juste l’offre et la demande d’énergie. Et c’est là qu’Equans intervient. « L’augmentation des EnR va aggraver la congestion dans le pays d’où l’importance de développer des réseaux intelligents locaux avec du stockage », explique le PDG d’Equans, Jérôme Stubler. « Et notre business pour les 50 prochaines années c’est la construction et l’usage de ce type de réseau pour l’électricité mais aussi pour la chaleur. »
Au nord du pays, dans la province de Flevoland, battue par les vents, la filiale de Bouygues a donc mené en 2018 le projet Renewable Energy Hub Flevoland, un réseau local intelligent qui combine l’éolien (37 éoliennes avec une capacité de 137 MW), le photovoltaïque (514 394 panneaux solaires répartis en 6 parcs générant 163 MW) et une capacité de stockage par batteries de 36 MW au total (deux installations, Rhino - reliée au champ éolien du même nom - d'une puissance 12MW et Buffalo, de 25 MW).
« Mini-RTE »
Equans Flevoland pilote la production d’énergie du réseau de 27 km sur 10 fruit d’un investissement de 500 M€, pour optimiser la consommation des entreprises locales. « Les moments de production d’énergie dépendent de la météo. Et il faut adapter l’approvisionnement en fonction de la demande », poursuit Jérôme Stubler. « Nous jouons donc le rôle d’un mini-RTE local », ajoute-t-il.
Au sud du pays, sur le Brainport Industries Campus - le « BIC » - d’Eindhoven, c’est la « pénurie » d’énergie qu’Equans doit gérer. En effet, ce centre d’innovation de haute technologie qui réunit, sur 70 000 m², des entreprises spécialisées dans l’électronique, la robotique et la mécanique, voit sa consommation d’énergie limitée par le fournisseur d’électricité national. Depuis 2018 Equans gère donc les utilités (énergie, chaleur, froid) qui sont mutualisées pour les entreprises locataires qui paient uniquement leurs propres consommations. Ce système dit de « Utilities as a service », s’appuie là aussi sur une production d’énergie photovoltaïque locale (5432 panneaux avec une capacité de 2,7 MW), des pompes à chaleur, et du stockage géothermique avec un système d’ATES.
« A terme certains pays risquent de se trouver comme les Pays-Bas dans une situation critique et imposer des quotas de consommation électrique », estime Jérôme Stubler. « Un projet comme BIC est un laboratoire du futur pour les campus européens avec des utilités partagées. Et chez Equans nous voyons déjà plus loin avec l’exploitation de l’hydrogène. Nous travaillons ainsi sur un campus hydrogène vert dans le nord de l’Allemagne », conclut-il.