L'engouement des parcs naturels régionaux pour les observatoires photographiques du paysage révèle leur vitalité.
« En quatre ans, le nombre d'observatoires est passé de 19 à 29 », constate Nicolas Sanaa, chargé de mission urbanisme et paysage à la Fédération nationale des parcs naturels régionaux (FNPNR). En 2017, la coïncidence entre le cinquantenaire des parcs et le 25e anniversaire des observatoires photographiques du paysage inspire la commande d'un film en cours de réalisation, sous la double signature de Philippe Harel et de Daniel Quesney : une occasion rêvée pour démontrer le lien photographique entre mémoire et projet. « En regardant une photo, chacun prend conscience qu'en matière de paysage, il n'existe pas de science exacte mais une pluralité d'interprétations qui, toutes, ont voix au chapitre », estime Michaël Weber, président de la FNPNR, mais aussi du parc des Vosges du Nord, un des premiers utilisateurs des observatoires photographiques. Identifié comme repoussoir par les uns, comme facteur d'attractivité par les autres, un projet d'éoliennes a conforté récemment l'élu de Wœlfling-lès-Sar-reguemines ( Moselle) dans l'utilité de la photo pour chercher des consensus sur des sujets conflictuels. Au-delà de sa fonction de témoin, l'outil photographique appliqué aux éoliennes des Vosges du Nord donne à ce territoire une chance de se projeter dans les paysages de l'avenir. La connexion avec l'énergie ne doit rien au hasard : elle prolonge une réflexion dont la FNPNR s'est déjà saisie en 2015, avec la publication d'une étude « Paysages de l'énergie, paysages en transition », coéditée avec les conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de la région Rhône-Alpes et RhônAlpÉnergie Environnement.
Les parcs échappent mieux qu'ailleurs à l'artificialisation des sols. PIERRE WEICK, directeur de la FNPNR
Force de loi
Après le passage à vide consécutif au Grenelle de l'environnement, les outils développés dans les années 2000 pour orienter sur leurs fonds propres les politiques paysagères des parcs ont trouvé une nouvelle légitimité légale : « En systématisant les objectifs de qualité paysagère dans les chartes des parcs, la loi biodiversité a replacé le curseur à la bonne place pour construire des démarches de dialogue autour d'objets vivants », se réjouit Pierre Weick, directeur de la FNPNR. Les 51 parcs ont pleinement profité de la dynamique des appels à projets entretenue au cours des dernières années par le ministère de l'Environnement. Un bilan irréfutable conforte leur vocation de laboratoire du développement durable, interprétée selon l'infinie variété des situations locales : « Alors que la démographie des parcs augmente grâce à un solde migratoire positif, ils échappent mieux que les autres territoires à l'artificialisation des sols », affirme Pierre Weick. Également illustrée par la présence des parcs au comité de pilotage du plan national d'actions pour la reconquête des paysages, l'impulsion de l'État complète un processus de « solidification d'un droit gazeux », selon l'expression du directeur de la FNPNR : les lois paysage de 1993 et biodiversité de 2017 ont donné force de loi au décret pris par le général de Gaulle le 1er mars 1967 pour donner naissance aux parcs. Mais ces derniers ne souhaiteraient pas que le législateur en rajoute : « Nous ne demandons pas d'exercer des compétences exécutives. Notre valeur ajoutée, c'est le dialogue », insiste Pierre Weick. L'art de convaincre devrait continuer à souder les parcs et les paysagistes au cours du prochain demi-siècle.

