Une haie sera franchie la semaine prochaine dans la course d’obstacles vers le développement des matériaux biosourcés. A l’occasion de son congrès annuel à Dijon, l’association C&B (Constructions et Bioressources) qui fédère la filière signera une convention avec le CSTB et l’Ensam Cluny afin d’accélérer et alléger les démarches d’avis techniques. Destiné principalement aux entreprises de Bourgogne, le partenariat pourra se décliner dans les régions voisines. « Il nous donnera un accès direct au CSTB et nous placera en meilleure situation pour accompagner les entreprises dans leur démarche technique et leur recherche de financements. La difficulté des entreprises à entrer dans le moule de la normalisation et les coûts de cette démarche demeurent des freins majeurs aujourd’hui », expose Bernard Boyeux, directeur de C&B.

Si l’avis technique individuel forme une voie royale, il n’est pas la seule, rappelle l’association qui cite en alternative les démarches collectives d’avis ou la rédaction d’une règle professionnelle validée par l’Agence Qualité Construction.
Degré de maturité hétérogène selon les matériaux
L’association aborde ses débats annuels du 18 et 19 juin avec un certain optimisme : tout doucement, les matériaux biosourcés gagnent leur place sur le marché. « Le degré de maturité reste hétérogène », tempère toutefois Bernard Boyeux. Les isolants naturels s’imposent comme des acteurs significatifs, avec un poids estimé à 8 % dans les ventes d’isolants en France lors de l’étude de référence portant sur des données 2011/12 (1) . L’ouate de cellulose (30 000 tonnes produites annuellement selon l’étude), la fibre de bois (près de 500 000 m3/an de panneaux) ou les laines d’origine naturelle gagnent du terrain : « Les biosourcés représentent plus de la moitié des avis techniques déposés pour des isolants », ajoute Bernard Boyeux.
A son échelle plus modeste d’environ 5 000 tonnes en 2012, la paille pour la construction rencontre un écho encourageant.

Les mortiers et bétons végétaux enregistrent de belles avancées en R&D, dont témoigneront par exemple à Dijon les travaux du groupe Parex. Mais ils peinent à transformer l’essai par le passage au stade industriel, « malgré quelques réalisations qui démontrent la pertinence du chanvre comme substitut aux granulats minéraux pour des rénovations de bâtiments des XVIIIème et XIXè siècle », note Bernard Boyeux.
Selon C&B, le miscanthus représente un potentiel trop peu exploité en construction.
Structurée depuis trois ans
Les développements possibles au service de la rénovation énergétique alimenteront les échanges entre maîtres d’ouvrages, collectivités, maîtrise d’œuvre et entreprises lors de la journée inaugurale du 18 juin. Une journée d’étude sur l’évaluation technique se déroulera le lendemain, en parallèle d’un séminaire interrégional : cette échelle territoriale élargie est jugée pertinente pour susciter une « plate-forme permanente d’échanges », autre vœu de C&B.
Le congrès dijonnais doit ainsi marquer le franchissement d’un premier stade de maturité pour une filière structurée depuis seulement trois ans autour des deux ministères du Développement durable et du Logement. La participation au groupe de travail 4 du programme « Objectif 500 000 », et la première exposition à Batimat 2013 avaient donné des signaux qui attendent désormais d’être prolongé par les premiers labels de « bâtiment biosourcé » intégrant un taux minimal de matériaux de cette nature.