Après l’augmentation du prix des matériaux, les pénuries, quelle est la situation financière des petites et moyennes entreprises du BTP ?
Actuellement, il y a de nombreuses TPE et PME qui doivent non seulement rembourser leur Prêt garanti par l’Etat (PGE), mais aussi leurs dettes fiscales et sociales de cette période 2020-2022. Avec le ralentissement de l’économie, notamment dans le secteur du bâtiment, certaines entreprises déposent le bilan. Un quart des entreprises que nous avons interrogées ne pense pas pouvoir faire face au recouvrement de leurs dettes cumulées.
C’est une spirale qui se met en place : les banques qui ont accordé un PGE ne vont pas apporter un nouvel encours bancaire. Les entreprises ne vont pas non plus renégocier leur PGE avec les taux actuels, bien plus élevés qu’en 2020 et 2021. Et si elles le font, cela peut dégrader leur cotation à la banque de France. Avec cette dégradation, les organismes de crédits n’assurent plus les entreprises et réduisent les encours, ce qui fait perdre confiance aux fournisseurs, qui demandent un paiement comptant. Pour des plaquistes par exemple, dont le stock est crucial, sans garantie des assurances de crédit, leurs fournisseurs refuseront de leur accorder un encours.
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Dans cette configuration économique, les délais de paiement sont cruciaux pour les petites entreprises. Est-ce qu’une dégradation est perceptible ?
55% des entreprises interrogées refusent de répondre à des appels d’offre publics, un secteur où le bâtiment est particulièrement concerné. Alors que les entreprises ont besoin de trésorerie, elles font aussi face à un allongement des délais de paiement. Et comme il y a moins d’activité, les petites entreprises sont tétanisées à l’idée d’aller chercher leur paiement, de peur de perdre le marché. Elles n’ont pas assez de fonds propres pour passer les crises.
Certaines vont être tentées par l’affacturage, notamment dans le BtoB. Seulement 84% des entreprises interrogées considèrent que c’est trop coûteux, et à raison : il s’agit d’une solution pour combler les besoins immédiats en trésorerie, mais cela peut absorber totalement leur marge.
Quelles solutions ces entreprises peuvent envisager ?
74 % des entreprises interrogées estiment qu’elles pourraient résoudre leur problème de trésorerie grâce à un allongement des délais de paiement des fournisseurs. Une autre solution est d’anticiper : la crise devrait durer entre un et deux ans dans le bâtiment. Les entreprises peuvent faire appel à un médiateur ou lancer une procédure de rééchelonnement fiscale et bancaire.