Utiliser l’eau de la mer, d’un lac ou d’une rivière pour chauffer et climatiser des bâtiments, voilà une idée qui ne coule pas de source ! Les réalisations sont plutôt rares en France, mais de petits et de grands projets commencent à sortir et d’autres sont à l’étude, particulièrement autour de la Méditerranée.
Pour ce type d’installations, il est recommandé de capter l’eau suffisamment en profondeur, idéalement à 50 m, pour que sa température soit constante tout au long de l’année (autour de 15 °C), alors que l’eau en surface varie fortement selon les conditions météorologiques et d’une saison à l’autre. Deux configurations sont alors possibles : la production centralisée et la boucle tempérée. Dans le premier cas, l’eau pompée est envoyée dans un ou plusieurs échangeurs de chaleur puis dans des pompes à chaleur (PAC) de grande capacité produisant de l’eau à 70-80 °C ; celles-ci alimentent alors un réseau de chaleur secondaire sur lequel sont raccordés des bâtiments. Il est également possible de mettre en place un réseau d’eau glacée. Dans le cas de la boucle tempérée, on va également pomper l’eau et utiliser un échangeur de chaleur pour transférer une partie de son énergie thermique à une boucle d’eau industrielle, dont la température sera assez proche de celle de l’eau pompée. Avec de l’eau douce, on peut directement réaliser une boucle tempérée. Ce réseau alimente alors des bâtiments qui disposent chacun, en pied d’immeuble, d’une sous-station. Celle-ci peut être équipée d’une PAC, si l’on veut produire de manière réversible du chaud et du froid, ou d’un groupe frigorifique si l’on ne souhaite que du froid. « La boucle tempérée offre plus de souplesse et permet à chaque bâtiment desservi de choisir entre la production de chaud et/ou de froid, alors que dans le cas d’une production centralisée, il faut faire le choix d’un réseau de froid ou de chaleur, ou créer un réseau avec plusieurs tubes, ce qui reste très coûteux », souligne Loïc Lepage, chef de groupe planification énergétique territoriale chez BG Ingénieurs Conseils. Reste à étudier l’impact sur l’environnement et à obtenir une autorisation administrative. Des démarches qui se révèlent parfois fastidieuses et chronophages. « La loi sur l’eau impose que les eaux rejetées dans le milieu naturel aient une température inférieure à 30 °C », souligne Pierre Ungemach, président du bureau d’études GPC IP. Afin de réduire cet impact, il faudra alors soigner le dimensionnement et la géométrie des systèmes d’aspiration et de refoulement.
