"Les centrales photovoltaïques au sol : une opportunité rentable"

Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Antoine Nogier a démarré sa carrière au sein du groupe Tenesol puis a fondé la société Sun'R, producteur indépendant d'électricité photovoltaïque, qu'il dirige actuellement. Il a aussi été expert énergies renouvelables des programmes cadres de recherche et développement européens et a fondé l'Observatoire de l'Innovation dans l'Energie. Durant l'été, sur LeMoniteur.fr, retrouvez son analyse du photovoltaïque en France. 

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Avec 12 MW le parc solaire des Mées sera un des plus important de France.

Le segment des centrales au sol est le seul qui ait globalement vu son tarif augmenter par rapport au tarif antérieur. Cela a provoqué un engouement massif des spéculateurs et un renchérissement important des locations de terrains. Il n'est pas rare ainsi que certains développeurs ou producteurs d'électricité proposent des loyers de 10 000 à 12 000 € par hectare et par an, soit tous les ans 2 fois la valeur du terrain !

La rentabilité des centrales au sol s'est considérablement améliorée. La France bénéficie directement de l'expérience de l'Allemagne qui est aujourd'hui capable d'obtenir des coûts de la centrale (hors raccordement et assurances) de 2,5 à 2,6 €/Wc, parfois moins, pour des technologies au silicium cristallin. Le coût est nettement moindre lorsqu'on utilise une technologie couches minces (CdTe, CIGS), laquelle génère un gain additionnel de l'ordre de 20 c€.

Ainsi, le coût total d'une centrale raccordée et installée, oscille en France entre 2,6 et 3M€/MWc. Prenant en compte la régionalisation des tarifs, le chiffre d'affaires par kWc oscille entre 410 k€/MWc/an (sud de la France) et 340 k€/MWc/an (nord de la France). Avec des charges d'exploitation situées entre 10 et 15% du chiffre d'affaires selon la taille de la centrale, l'excédent brut d'exploitation oscille entre 370 k€/MWc/an (grande centrale au sud) et 290 k€/MWc/an (petite centrale au nord). Dans ces conditions, le calcul de la rentabilité est vite fait et montre des rentabilités très élevées.

Ceci explique d'ailleurs pourquoi une centrale disposant d'autorisations (mais non construite) se négocié auprès d'un développeur environ 400 à 500 €/MWc soit, pour une centrale de 10 MWc, environ 4 à 5 M€. Les coûts de développement du développeur n'excèdent pas 200 k€, soit une marge de 3,8 à 4,8 M€.

Sur le plan de la complexité de réalisation, celle-ci réside dans l'obtention des autorisations (étude d'impact, enquête publique) mais pas dans l'installation. Celle-ci est largement sous-traitée à des installateurs étrangers espagnols ou allemands fortement expérimentés.

Dans ce contexte, il est très surprenant que l'importante révision tarifaire du début 2010, justifiée par une bulle et une CSPE jugées insupportables, ait à ce point privilégié les centrales au sol. On ne peut qu'y voir une volonté de satisfaire quelques groupes de taille internationale.

Ainsi l'ensemble des investisseurs institutionnels s'est orienté vers cette opportunité que chacun reconnait comme un épiphénomène dans l'histoire et l'avenir du photovoltaïque français

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