L’amphithéâtre de la Fédération nationale des travaux publics affichait presque complet ce 4 juin 2019, lors de l’assemblée générale des Canalisateurs. L'occasion aussi pour le syndicat de spécialité de célébrer ses 30 ans, en rassemblant à la fois les figures qui ont contribué à l'histoire de l’organisation professionnelle, et la relève puisque de nombreux élèves et étudiants étaient présents.
Alain Grizaud, président depuis 2012 et réélu à l’unanimité pour un an de plus, avait réuni plusieurs de ces prédécesseurs : Jean-Jacques Béringué, l’un des membres fondateurs des Canalisateurs et président de 1990 à 1993 ; Patrick Bernasconi, à la tête du syndicat entre 1996 et 2004, avant de prendre la présidence de la FNTP puis, désormais, du Conseil économique social et environnemental (Cese) ; et Jacques Dolmazon, président de 2009 à 2012.
Symbiose et force du collectif
Chacun a été remercié par la remise d’un trophée, et y est allé de son petit mot, souvent avec émotion. Jean-Jacques Béringué a rappelé les difficultés rencontrées pour créer le syndicat, et fusionner les anciennes entités regroupant les métiers de l’eau d’un côté, et de l’assainissement de l’autre. Mais même si « les bagarres pouvaient être forte, une réelle unanimité et symbiose existe et nous ont servies au fil des années ».
Patrick Bernasconi a insisté sur « la force du collectif », afin de « porter d’une même voix une énorme ambition ». Jacques Dolmazon s’est souvenu, quant à lui, de l’esprit de « famille » des Canalisateurs, ces « constructeurs mais qui ont un service à apporter », et son attachement à la promotion des métiers.
Continuité des combats et des services
De ses trente années, Alain Grizaud a vanté le travail mis en place : création du label Canalisateurs, d’une charte de qualité, des journées de l’eau… autant de choses qui ont permis de « représenter l’eau dans l’ensemble de la France », de porter la voix et les intérêts de la profession. Pour lui, le lobbying n’est « pas un gros mot ».
« Les combats que nous menons sont toujours essentiels et importants. Nos métiers sont parvenus à se hisser au plus haut niveau des discussions politiques, avec les Assises de l’eau. Elles ont permis de mettre en exergue la nécessité de remettre nos réseaux à niveau », afin d’assurer la continuité de services « essentiel au quotidien », comme l’approvisionnement en eau potable.
« La deuxième génération des Canalisateurs est celle du renouvellement. Nous sommes obligés d’être au rendez-vous et de continuer le combat pour le financement de nos infrastructures ». Alain Grizaud a cependant tenté de temporiser l’impatience des entrepreneurs qu’ils représentent. Pour « produire des effets et être efficace », rien ne vaut le temps long. Il espère malgré tout que les Assises seront bien à la hauteur des enjeux, et permettront de fournir davantage de visibilité, même si « les carnets de commandes, à cet instant, sont confortables ».
Valorisation des métiers
Autres combats à mener : ceux de la promotion et la valorisation des métiers. Le syndicat consacre environ 1/3 de son budget à la communication, interne comme externe. Parmi les travaux engagés, une application mobile, Canomémo, devrait être bientôt disponible. Elle contiendra toutes les actualités des Canalisateurs, ainsi que les fiches techniques, les « mémos » et les éléments que l’organisation souhaite apporter à la connaissance, principalement de ses membres.
En début d’année, les Canalisateurs avaient également lancé un concours vidéo. L’idée était de permettre à des équipes, des élèves de CFA ou lycées professionnels, des étudiants qui entrent dans le secteur, de raconter leurs métiers. Mais sur les 30 candidatures (sur 330 adhérents), le syndicat a aussi trouvé beaucoup d’exemples mettant en avant la technicité des chantiers et leur envergure. Cinq vidéos ont été récompensées.
A « l'âge de la maturité » pour le syndicat, son président formule un vœu : alors que « les canalisations, faites pour durer très longtemps », il espère que les Canalisateurs continueront à accompagner le secteur, ses entrepreneurs, les générations à venir, « le plus longtemps possible ».
Et les vainqueurs du concours vidéo sont…
Dans la catégorie « Meilleur scénario », deux lauréats se retrouvent avec les honneurs. Les 17 élèves du CFA TP Paca de Mallermont ont choisi de reprendre les codes d’une bande annonce de films, en s’inspirant d’œuvre connue, « pour donner envie d’en savoir plus ». Les lycéens de l’établissement professionnel Fernand-Léger, dans l’Hérault, ont quant à eux composé un rap pour mettre en avant la profession.
Ils sont également deux collectifs à se partager le prix de la « meilleure promotion du métier ». Les deux entreprises lauréates se sont distinguées pour avoir « fait parler les personnes sur les chantiers, pas seulement pour avoir montré leur haute technicité », argumentait Jean-Claude Brossier, président de la commission Formation des Canalisateurs. Il s’agit de Désertot Travaux publics, en Côte d’Or, qui a cherché à interroger les salariés sur leur poste ; et de Jérome BTP, en Indre-et-Loire, s’inscrivant dans la même démarche à l’initiative d’un jeune dessinateur géomètre, arrivé récemment dans l’entreprise.
Une mention spéciale a été délivrée à Hugues-Michel Ajax, en CAP constructeur en canalisations des TP au CFM BTP de Trappes, dans les Yvelines. Le jeune homme, qui se réoriente après un BTS dans les ressources humaines notamment, s’est filmé à son poste de travail pour ce concours vidéo. Il explique, simplement, ce qu’il fait, ce qui lui plaît dans son métier, et en appelle à le promouvoir davantage. Récompensé par le syndicat comme « Meilleur espoir », il représente le passage de relais vers les plus jeunes.
Vidéos à retrouver sur la chaîne Youtube des Canalisateurs.
