S'il est un domaine où les collectivités locales sont particulièrement absentes, c'est bien celui de la normalisation et de la réglementation techniques, déplore l'association des ingénieurs des villes de France (AIVF).
Le rapport de l'Inspection générale de l'administration de mars 1999 avait pourtant montré le besoin d'expertise locale lié à la nécessité de fonctionner en réseau. « Les collectivités locales ne sont pas représentées à hauteur de leurs intérêts », souligne Jean Grillot, président de l'AIVF (qui réunit 3 500 des cinq mille cadres techniques supérieurs des collectivités locales), par ailleurs directeur des services de l'infrastructure de Nanterre. Par exemple, elles n'ont pas cherché à être directement associées aux travaux du Comité européen de normalisation, alors que les consommateurs et les PME ont obtenu d'y adhérer. Pour remédier à cette situation, les IVF ont fait plusieurs propositions à la commission Mauroy chargée de réfléchir à l'avenir de la décentralisation (1) : mise en place d'une veille juridique ; soutien institutionnel des associations d'élus locaux pour orienter les travaux des réseaux territoriaux ; organisation de temps et de moyens matériels permettant d'organiser une véritable démarche d'investigation et de concertation. « Il est difficile d'être surbooké dans son emploi territorial de directeur de services, de directeur technique ou d'ingénieur et de se rendre à l'Afnor ou dans les bureaux ministériels », soulignent les IVF qui proposent qu'un petit nombre d'ingénieurs expérimentés agissent dans le cadre de missions « d'inspection générale », ciblées sur la production réglementaire.
Lutte contre les nuisances
Conseillers techniques des élus locaux, les ingénieurs des villes (IVF) gèrent plus de six cents milliards de chiffre d'affaires en génie urbain. Issus d'horizons divers (ingénieurs, architectes, urbanistes...), ils exercent des fonctions transversales dans les domaines les plus variés de l'aménagement.
Les IVF pragmatiques
Lors de leurs 51èmes Rencontres nationales organisées à Strasbourg, du 7 au 9 juin (2), plusieurs tables rondes seront notamment consacrées à la lutte contre les nuisances (propreté, élimination des boues de station d'épuration, place du vélo dans la ville, pollutions transfrontalières...) reflétant ainsi les préoccupations actuelles des maires. Parallèlement, le salon « Citexpo », salon de la ville, produits et services, illustrera un siècle d'évolution des techniques.
Sur d'autres sujets d'actualité, comme le projet de loi de solidarité et de renouvellement urbains, les IVF se montrent pragmatiques : « La volonté de mise en cohérence des documents d'urbanisme est louable, mais nous ne croyons pas trop à la simplification, d'autant que le texte n'aborde pas le problème de l'empilement des procédures », souligne Jean Grillot. Quant à la mise en place de l'intercommunalité, constatant que les modalités de regroupement sont aussi complexes que diversifiées, les IVF alertent les maires sur le danger qu'il y aurait à éloigner les services des usagers.
Contact : Association des ingénieurs des villes de France, départements et régions (AIVF), 20, rue Bachaumont, 750002, Paris ; tél. : 01.40.13.94.95.
(1) Ces rencontres seront précédées, les 6 et 7 juin, d'un colloque consacré à la gestion différenciée des espaces verts. (2) Cette commission, qui rendra son rapport définitif à Matignon en octobre, examinera prochainement ces propositions.