C'est la première épine dans le pied de Pierre Hurmic. Une petite phrase du maire écologiste de Bordeaux à propos d'un sapin de Noël, tirée de deux heures de conférence de presse mi-septembre, a fait les choux gras des réseaux sociaux. L'édile fraîchement élu est critiqué pour avoir déclaré ne plus vouloir « d'arbre mort » place Pey-Berland. II est accusé de piétiner les traditions et de gâcher la joie des Bordelais qui ne se lassaient pas d'admirer le sapin géant illuminé.
L'annonce a déclenché une pétition qui, cinq jours après l'événement, recueillait déjà plus de 12 000 signatures. Cet arbre semble bien cacher la forêt. Mais laquelle ? Celle de l'incapacité des Bordelais à accepter le changement ou celle de la politique de rupture initiée par leur nouveau maire ? « Un os à ronger », se contente de commenter Bernard-Louis Blanc, nouvel adjoint à l'urbanisme. « On va changer la culture », prévient-il.
Ce dernier développe sa définition de ce qu'il appelle « l'urbanisme résilient » : les permis de construire en cours sont réétudiés, Winy Maas doit revoir sa copie pour la ZAC Bastide Niel afin d'améliorer le confort thermique des lieux, les dernières mises en concurrence ont été gelées, Brazza doit accélérer sa végétalisation, le foncier de la métropole à la Jallère restera inconstructible… L'adjoint prévient : « La transition écologique, c'est déjà trop tard. » Et comme l'a bien commenté Hervé Gardette sur France Culture le 14 septembre : « Quant au fait de se focaliser sur une aussi infime bêtise, et en prendre prétexte pour écarter toute réforme de fond liée à l'urgence écologique, cela me fait penser à ce fameux proverbe chinois qui dit que, quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. » Ou le sapin.