Une croissance de 16 % de son chiffre d’affaires et une hausse de 10 % de ses recettes domaniales sont deux des indicateurs positifs qui permettent au Grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM) de poursuivre son développement avec comme fil rouge « les transitions économique, écologique et numétique », ont rappelé, lors d’un point-presse organisé ce 24 janvier à Marseille, Christophe Castaner et Hervé Martel, respectivement président du conseil de surveillance et directeur général du GPMM. Dans ce contexte favorable, ils prévoient d’investir 80 millions d’euros en 2023 (60 millions d’euros en 2022) en doublant, notamment, l’enveloppe consacrée aux projets de transition écologique.
Planification territoriale
Cela passe par une consommation raisonnée de son foncier en densifiant celui déjà occupé et en aménageant de nouveaux espaces dans le respect des équilibres environnementaux. En la matière, le port Marseille-Fos pourra s’appuyer sur le document de planification territoriale à moyen terme (2030) et à plus long terme (2040) de la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer (Bouches-sur-Mer). Validé fin 2022 à l’issue de la démarche « Orientation d’aménagement de la zone industrialo-portuaire », OAZIP 2040, il concerne les bassins ouest (soit 10 000 ha) et affirme la préservation de 1 800 ha d’espaces naturels supplémentaires s’ajoutant aux 2 500 ha déjà sanctuarisés. La démarche a permis de consolider la vocation économique de 550 ha déjà identifiés. Parmi les projets figurent la création d’ici à 2026 d’une quatrième zone d’entrepôts (Distriport 2) et celle d’une seconde zone de services portuaires à proximité des terminaux conteneurs avec agrandissement de l’un d’eux, le tout connecté au réseau ferré.
Energies renouvelables
Le développement des énergies renouvelables est un autre axe stratégique. La zone industrialo-portuaire (ZIP) a vocation, par exemple, à accueillir des sites de production d’hydrogène verte et d’assemblage d’éoliennes. Sur ce dernier point, le GPMM a réservé 80 ha de son domaine pour y créer un hub permettant, entre autres, l’implantation d’une nouvelle zone de fabrication et de mise à l’eau des éoliennes. Déjà, il a aménagé la plate-forme sur le quai Gloria à Fos pour qu’elle serve de lieu d’assemblage des éoliennes prévues pour la ferme pilote de Provence Grand Large.
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En termes d’hydrogène vert, la création dans la ZIP de l’installation de production H2V pour un montant d’investissement de 750 millions d’euros est toujours d’actualité. Mis en service par tranches entre 2026 et 2031, le site, composé de six unités de production de 100 MW (soit 600 MW), assurera la production de 84 000 t/an d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau et permettra la création de 165 emplois directs et 100 emplois indirects. Le port de Marseille-Fos prend part au capital du projet, conformément à sa politique de décarbonation de son activité.
Dans ce même objectif, il participe au programme Syrius, lauréat de l’appel à projets national Zones industrielles bas carbone (Zibac), voir encadré ci-dessous.
Par ailleurs, en équipant les toits de six hangars dans ses bassins Est à Marseille, il a l’ambition d’atteindre une puissance de 77 MW d’ici à 2025.
Qualité de l’eau
Enfin, et toujours pour limiter son impact sur l’environnement, le port de Marseille-Fos a pris la maîtrise d’ouvrage d’un projet partagé de traitement des effluents de carénage issus de l’activité des chantiers navals dans les neuf formes de réparation navale en activité (bassins de radoub). Représentant un montant de 15 millions d’euros, les travaux, qui ont débuté en 2022 pour trois ans, consistent à équiper le fond des formes du système de collecte et de pompage pour permettre la ségrégation et le relevage des eaux issues des activités des chantiers, ainsi qu’à installer, sur les terre-pleins, des ouvrages de stockage et de traitement de ces eaux de rejet.
Siège social toujours d’actualité
Très concentré sur les bassins Ouest de Fos, le GPMM n’oublie pas pour autant ceux situés à l’Est à Marseille (soit 400 ha). Il vient de choisir le groupement qui réalisera un terminal de petite croisière et de grande plaisance, dont la construction d’un bâtiment répondant aux besoins de l’exploitation portuaire et autres usages, au niveau du J4, dans le quartier d’Arenc, au Nord de Marseille. Le lauréat est la société RCL Cruises Ltd. associée à Atelier(s) Alfonso Femia pour la conception et aux sociétés RCL Cruises Ltd., Compagnie du Ponant et Viking Cruise, pour la partie exploitation. Représentant un investissement de 25 millions d’euros, l’infrastructure sera progressivement mise en service, entre fin 2023 et 2026. Avant cela, le projet entrera en phase de concertation.
Est toujours d’actualité, le recours au marché de partenariat à un prix de revient de 107 millions d’euros HT pour construire, en lieu et place de son siège actuel, sur la place de la Joliette, au cœur de la cité phocéenne, 28 000 m2 SP, dont 8 000 m2 réservés aux bureaux du port, et 19 000 m2 ouverts à la location. Il prévoit à cet effet un appel public à concurrence auprès de groupements d’investisseurs-promoteurs pour le réaliser d’ici à 2024 ou 2025. Outre la construction d’un bâtiment tertiaire, le lauréat prendra à sa charge la réhabilitation de la halle maritime (J0) située dans la continuité de l’actuel siège du GPMM et à proximité de la hall J1, elle aussi, appelée à être transformée. Sur les 6 000 m2 de surface de plancher que représente le J0 et sa structure Eiffel, la moitié sera ouverte au public. Le dossier serait toujours en instruction dans les services de la m mission d’appui au financement des infrastructures Fin Infra.
Valorisation du foncier
La valorisation de foncier détenu à l’Estaque, au nord de Marseille, est un autre sujet que le port n’abandonne pas. Baptisé « Grand Estaque », le projet poursuit trois objectifs : accueillir des activités de loisirs, de plaisance et d’économie bleue ; poursuivre l’amélioration et le développement harmonieux des interfaces ville-port et, enfin, celui de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des habitants, la mobilité, les équipements publics et le développement économique.
Des études de programmation en cours doivent aboutir cette année à un schéma d’orientation et un calendrier avec les investissements afférents. En parallèle, l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) mène pour le compte de la Ville, du port et de la Métropole-Aix-Marseille Provence une étude afin de faire converger les projets urbains et portuaires en une vision globale, partagée du devenir de la façade littorale au nord de Marseille. Dans ce cadre, le port réalise un schéma d’aménagement allant des plages Corbières jusqu’au port de Saumaty.