Le miscanthus est-il l’avenir du béton ?

Présenté à Châlons-en-Champagne (Marne) lors d’un salon dédié aux produits biosourcés, le bloc porteur en béton de miscanthus sera bientôt mis en œuvre sur un programme immobilier en Ile-de-France.

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Le béton miscanthus prend l’apparence d’un bloc de béton classique de 20x50x20 cm, avec un poids comparable.

C’est un petit mur pour le maçon, mais un grand pas pour le béton. Il s’agissait pour les concepteurs du bloc porteur en béton de miscanthus de faire la démonstration que ce nouveau matériau biosourcé se posait comme un parpaing classique, en présentant à peu près les mêmes caractéristiques que lui. «On a changé le produit, pas le système constructif», résume Bernard Cosnier, directeur R&D d’Alkern, le fabricant de produits préfabriqués en béton.

Le lieu de l’expérience est le salon Siñal à Châlons-en-Champagne, autoproclamé «rendez-vous de la bioéconomie». La préfecture marnaise est d’ailleurs volontaire pour tester en grandeur réelle, sur un vrai chantier, toutes les vertus du béton de miscanthus. Elle se déclare également prête à s’impliquer dans la filière, sous la bannière de l’association Biomis G3 qui fédère agriculteurs, industriels, chercheurs et collectivités locales pour développer ce nouveau produit, d’abord en Ile-de-France, ensuite dans le Grand Est.

60% de miscanthus

Le béton de miscanthus existe pour l’instant à l’état de prototype. Il prend l’apparence d’un bloc de béton classique de 20x50x20 cm, avec un poids comparable. Le broyat de miscanthus entre pour 60% dans sa composition, en lieu et place des granulats. «Il est trois fois plus isolant que le béton classique, sa tenue au feu est exceptionnelle (4 heures) et c’est le seul bloc porteur parmi tous les bétons biosourcés, ce qui permet de faire du R+2/R+3»(1), soulignent Bernard Cosnier et Mélanie Shink, cette dernière étant responsable projets marketing et innovation de Ciments Calcia, l’autre grand partenaire industriel du projet. «Il convient cependant d’adapter la composition du liant car la cellulose modifie la prise du béton», précise-t-elle, sachant que le miscanthus répond au même cahier des charges que le bloc standard. Le béton de miscanthus sera décliné dans une gamme classique: bloc standard (plein), bloc poteau, planelle isolée et éléments de chaînage horizontal.

Une ATEx pour la fin 2017

Ce nouveau produit devrait faire l’objet d’une ATEx d’ici à la fin de l’année. Il connaîtra son baptême du feu en février 2018, date de lancement d’un chantier de construction de 46 logements sociaux en béton de miscanthus à Chanteloup-en-Brie, en Seine-et-Marne (La Résidence Urbaine de France, maître d’ouvrage, et Epamarne, aménageur). «Cela représentera 1 700 m2 de façades et 50 tonnes de miscanthus» (2), précise le directeur R&D d’Alkern, ce qui équivaut à cinq hectares de plantations. Le surcoût de la construction est d’environ 2%, une différence négligeable aux yeux de l’agriculteur Jean-Marc Dupré, si l’on admet que les parpaings ne comptent que pour 1 000 euros dans une maison de 100 000 euros.

Les gains de tous ordres générés par le miscanthus lui semblent plus importants: selon son témoignage, il ne nécessite pas de produits phytosanitaires pour sa culture et peut pousser sur une friche industrielle, c’est un piège à CO2, il réduit l’empreinte écologique des bâtiments (produit localement, il économise du transport), est renouvelable et recyclable, indifférent aux termites et aux champignons, pauvre en COV et il pallie la pénurie de granulats naturels.

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