La démolition par explosion de trois hautes tours du quartier des Sablons a nécessité le savoir-faire assez rare en France d'une poignée d'entreprises spécialisées.
Première étape, les travaux d'affaiblissement des murs porteurs (méthode française), pour laquelle CEBTP a choisi le découpage des volumes fragilisés tous les trois niveaux. « Cela permet de sectionner les bâtiments en étages qui seront flottants au temps zéro, explique M. Benazet du CEBTP : 600 millisecondes après la détonation, le bâtiment est cisaillé sur ses éléments porteurs affaiblis et s'effondre sur lui-même. »
Quatre cents kilos d'explosifs (du cisalex en charges allongées, creusées en biais dans les trumeaux de 1,5 mètre d'épaisseur) pour 1800 détonateurs connectés par étages à un tableau de commande unique de 120 déclencheurs. En pratique, les étages « fragilisés » explosent d'une tour à l'autre avec un décalage de 42 millionièmes de seconde par rapport au temps zéro. Contenus par un tissu géo- textile en-tourant les tours, ils entraînent dans leur chute l'ensemble des 17 étages de chaque tour en moins de 3,5 secondes.
Pour éviter toute surprise de dernière minute (le non déclenchement de l'un des détonateurs), les circuits électri-ques sont testés à basse tension quelques dizaines de minutes avant l'explosion.
Résultat : aucun débris projeté alentour, alors que l'immeu-ble voisin de la rue d'Artois est distant de 10 mètres !
Trois cents logements détruits,
cinquante reconstruits.
Alors que le quartier était bouclé, un écran géant a permis à la population de suivre l'événement en présence du préfet et des élus locaux (dont Robert Jarry, maire du Mans et Jean-Claude Boulard, président de la communauté urbaine).
« Il fallait dédensifier, sur le principe : 300 logements détruits, 50 logements individuels reconstruits, pour en finir avec cet urbanisme des grands ensembles des an- nées 70 », précise Robert Jarry.
Pour accompagner cette trans-formation, la CUM et la ville ont engagé la réhabilitation de 100 logements de la rue d'Artois (pour 29 millions de francs). Sont aussi prévus pour 16,5 mil-lions (dont 13,4 millions à la charge de la CUM), la création d'espaces verts (square, mail planté), et de voies de cheminement pour relier le quartier au nouveau secteur commercial des Sablons. La démolition proprement dite (17,3 millions) a été largement financée par le Feder (8,76 millions de francs) et l'Etat (5,3 millions).
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : Office public d'HLM de la communauté urbaine du Mans.
Maître d'oeuvre : conception CEBTP-Cemerex (Vitrolles); réalisation Synthèse ingénierie (agence de Tours).
Groupement d'entreprises : Démolition Delair SA (Yvrac), mandataire ; co-traitant : Société méditerranéenne de démolition (Aubagne).