La ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Nelly Olin, s’attend à ce que l’été 2006 soit chaud… et sec. Selon elle, les pouvoirs publics pourraient être amenés à décider l'été prochain de coupures d'eau potable pendant la journée dans certaines villes, si la sécheresse devait être aussi sévère qu'annoncé.
"J'espère ne pas en arriver là, mais si la situation devait se révéler extrêmement tendue, il faudra le faire", a souligné Mme Olin, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue d'un Comité national de l'eau.
Mme Olin a précisé que des mesures pourraient être annoncées fin mars, une fois estimé plus précisément le niveau des nappes phréatiques à la fin des pluies d'automne et d'hiver. "Elles seront certainement beaucoup plus draconiennes que celles annoncées l'an dernier," a-t-elle prévenu.
D'ores et déjà, "la situation est très inquiétante et nous n'avons pas aujourd'hui un grand optimisme sur une sortie de crise", a-t-elle dit.
Selon la ministre, 2006 pourrait être une année "très difficile, voire historique en matière de sécheresse". L'automne 2005 a été aride, alors que la France a déjà connu trois années de faibles précipitations.
"Il manque entre un tiers et 50% des pluies sur une large partie du territoire. Seul le sud a été épargné en quantité, mais les pluies brutales contribuent mal à la recharge" des nappes phréatiques, a-t-elle relevé.
"Même s'il devait pleuvoir d'une manière régulière jusqu'à fin mars, nous n'atteindrons pas une situation normale", a-t-elle poursuivi. Actuellement, les barrages ne sont remplis qu'à moitié de leurs capacités, alors que six départements - "c'est du jamais vu !" - continuent à appliquer des mesures de restriction d'eau.
Le directeur de l'Eau au ministère de l'Ecologie, Pascal Berteau, a souligné de son côté que les coupures d'eau n'étaient pas inéluctables, comme le montre l'exemple de Niort qui a pu échapper l'an dernier à une telle mesure en mettant très tôt dans l'année des mesures d'économie.
"Globalement, la crise de l'an passé s'est bien déroulée parce que nous avons pris des mesures très en amont", a-t-il relevé. "Plus on fera des économies tôt et plus on tiendra pendant la crise", a renchéri Mme Olin.
Parmi les initiatives annoncées par le ministère figure la signature d'un accord avec les gestionnaires de terrains de golf, avec pour objectif une réduction de 30% en trois ans de leur consommation d'eau. L'Etat va aussi rendre obligatoire l'installation dans les immeubles collectifs neufs de compteurs individuels d'eau, pour responsabiliser les utilisateurs.
Le volet répression aura toute sa place dans le dispositif gouvernemental. L'an dernier, quelque 2.000 infractions ont été constatées. Elles ont été verbalisées à 90%, avec des amendes pouvant dépasser 1.000 euros.