Le dessin pour langue commune

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En hybridant culture asiatique et références européennes, l’architecte Dominique Perrault a creusé, sur le campus de l’université sud-coréenne d’Ewha, une vallée paysagère, trait d’union entre la ville et un fief étudiant ancestral.

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Longtemps protégé de la capitale sud-coréenne par une double enceinte murale et ferroviaire, le campus d’Ewha, où la fine fleur de l’establishment féminin se voit délivrer depuis plus d’un siècle une éducation de prix, a pâti - vie moderne oblige - de la désaffection progressive des élèves. « L’objectif du concours international lancé en 2004 par l’université, sur invitation, était d’amener la ville au cœur du site pour y sédentariser les étudiantes, résume Dominique Perrault. Plus qu’ajouter un bâtiment et des services, il s’agissait de créer un espace public au sens européen du terme, à la fois centre névralgique et lieu identitaire, notion encore peu développée dans l’urbanisme asiatique. » D’où l’idée d’un complexe articulé de part et d’autre d’une longue vallée déployée entre la station de métro, située à la lisière du campus (côté ville), et le pavillon de la Présidence, édifice de type bostonien emblématique de cette enclave universitaire.

Vallée à déclivité modulée

Comme les Champs-Elysées parisiens ou le Capitole romain, ce « campus center » procède donc avant tout d’un geste urbanistique, qui a heureusement coïncidé avec son contexte, Séoul ayant pour particularité de se développer entre de nombreuses collines.

Ceci a permis à Dominique Perrault de remporter le concours avec son concept de faille monumentale, sorte de tranchée pratiquée au nu du tissu matriciel paysager. « Contrairement à l’Occident, l’Asie accorde un caractère positif au vide, souligne-t-il. Palais et temples sont autant de néants urbains parés d’une dimension quasi céleste. » Poumon subtilement greffé au cœur du campus, cette vallée à la déclivité modulée possède une dimension « charnelle » que l’architecte se plaît à rapprocher de sa destination exclusivement féminine : surgi d’une béance de terre, l’édifice de verre et de métal paraît ainsi juste affleurer le paysage monticuleux. « Pour prolonger sa cohérence symbolique et visuelle, il a fallu discuter deux ans avec le maître d’ouvrage, qui souhaitait voir des jardins à la française sur les esplanades en surplomb des bâtiments. » Interrogé à ce sujet sur la difficulté de faire passer ses idées lorsqu’on ne parle pas la même langue et que l’on est issu d’une culture si différente, l’architecte assure que ces conditions lui ont précisément permis de ramener la communication à l’essentiel - c’est-à-dire au dessin - sans qu’il soit besoin de paroles. Et de conclure, matois, « pour le reste, il ne faut pas oublier que je suis Auvergnat… »

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