Interview

« Le département du Nord ne compte pas réduire ses investissements, au contraire », Jean-René Lecerf, président du département du Nord

Malgré les dépenses réalisées pour faire face à la crise sanitaire et malgré une baisse importante des droits de mutation, le président du département le plus peuplé de France (2,6 millions habitants), Jean-René Lecerf, détaille au Moniteur sa volonté de réaliser les investissements programmés en 2020, notamment en matière de travaux.

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Jean-René Lecerf, président du département du Nord
Jean-René Lecerf, président du département du Nord.

Le département va-t-il pouvoir maintenir tous les investissements programmés cette année ?

Le département du Nord ne compte pas réduire ses investissements, au contraire. Autant je suis réservé sur l'intervention directe du département sur la trésorerie des entreprises autant je pense que c'est notre rôle d'être présents pour continuer à investir et relancer l'emploi.

Dans ce cadre, afin d'éviter que 2020 ne soit une année blanche en matière d'investissements dans certaines communes, nous avons décidé, sans attendre le deuxième tour des élections, d'avancer les aides que nous fournissons aux territoires au titre de la solidarité territoriale. Cela représente 40 à 45 millions d'euros pour aider les communes et les intercommunalités à réaliser leurs projets. Nous nous sommes aussi mis d'accord en parallèle avec la préfecture afin de mettre en cohérence nos subventions et celles de l'Etat pour que ces aides soient coordonnées et que les communes puissent lancer rapidement leurs travaux, sans avoir besoin d'attendre un des deux partenaires ! De même, notre bailleur, Partenord, va continuer au maximum à maintenir son programme d'investissement.

Et pour les nombreux travaux lancés en propre par le département ?

Pour nos propres travaux, nous avons eu une période blanche d'une quinzaine de jours en mars, sauf sur le petit chantier de la maison natale de Charles de Gaulle où les travaux ont pu continuer. Aujourd'hui, les chantiers redémarrent sur les constructions ou réhabilitations de collèges et sur les Sdis en construction (Cambrai, Cysoing, Pecquencourt ou bientôt Dunkerque). Si nous n'arrivons pas à atteindre un rythme suffisant sur ces chantiers, nous augmenterons les gros travaux d'entretien sur les collèges pour consommer le crédit d'investissement.

Coté voirie, nous voulons relancer aussi très vite les travaux du giratoire pour le site logistique e-valley dont les travaux ont repris. Les travaux du contournement Nord de Valenciennes devraient aussi bientôt repartir. L'immense majorité des chantiers sera relancée pour la deuxième quinzaine de mai. En revanche, les travaux du canal seine Nord Europe vont prendre au moins six mois de retard ce qui nous fera un peu moins à débourser dans l'immédiat.

Comment allez-vous couvrir les baisses de revenus et les dépenses supplémentaires liées à la crise sanitaire ?

Nous sommes en train de négocier avec l'Etat qui prête une oreille attentive à nos problèmes. Nous devons en effet faire face simultanément à une grosse augmentation de nos dépenses, avec par exemple 6 millions d'euros d'achat de masques, toute une série de dépenses liées à l'aide à l'enfance avec notamment de nouvelles structures à ouvrir, ou plus de RSA à verser... En parallèle nous subissons un effondrement des droits de mutation, ressource essentielle puisqu'ils représentaient 350 millions d'euros en 2019. Nous estimons que nous allons subir une baisse de 30 à 35 % pour 2020 soit 110 millions d'euros de moins. Heureusement l'Etat nous facilite les choses en nous permettant de budgéter en investissement les dépenses de fonctionnement supplémentaires, ce qui va nous permettre de recourir à l'emprunt et d'étaler ces surcoûts sur plusieurs années.

Comment travaillent les équipes du département qui suivent les travaux ?

Nos équipes travaux continuent à assurer un suivi constant des projets et des chantiers. J'ai cependant dû parfois élever la voix auprès de certains de nos partenaires afin de ne pas devoir reporter des jurys d'attribution de projets. Ils doivent se dérouler sans délais, il ne faut pas perdre de temps. Le jury pour l'attribution du collège des Rouges-Barres à Marcq-en-Barœul aura ainsi bientôt lieu. Il faut poursuivre les projets car les entreprises ont besoin de travailler, beaucoup sont en difficulté.

Et pour le projet du forum ?

Le projet du forum [60 000 m² de bureaux et logements, incluant les nouveaux services centraux du département du Nord à la place des locaux actuels situés non loin des gares de Lille, NDLR] prend du retard. Nous étions en clôture d'enquête publique, or elle a été reportée sine die pour cause de crise sanitaire. Nous attendons un avis précis du commissaire enquêteur. Si recours il doit y avoir il faut qu'il soit déposé, nous ne pouvons pas rester dans l'indétermination. Les choses doivent se dérouler dans des délais convenables. Nous avons saisi deux fois l'autorité environnementale qui n'a jamais répondu. Le fait d'être entre deux tours pour les municipales ne simplifie pas les choses ! Ce sont pourtant 150 millions d'euros de travaux qui attendent d'être lancés ! En parallèle le département dépense 500 000 euros par mois de location de bureaux ! Il faudrait au moins pouvoir commencer la démolition de l'ancien bâtiment. A elle seule, cette démolition va nécessiter un an de travaux.

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