L’œuvre architecturale de Le Corbusier (1887-1965) ne figurera pas sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 2011. Le Comité du Patrimoine mondial a pris la décision de « différer » cette candidature qui essuie donc un deuxième revers, après celui de Séville en 2009. Plus sévère même que le premier, le « report » lors duquel le Comité « reconnaissait la valeur universelle exceptionnelle du bien présenté. Cette nouvelle décision renvoie à la case départ et oblige à reprendre le dossier très fortement », déplorent les porteurs de cette candidature.
Ce n’était pourtant pas faute d’avoir suivi les recommandations formulées par le Comité il y a deux ans, à la suite de l’avis rendu par le Conseil international des monuments et des sites (l’Icomos), l’organisme chargé d’expertiser tous les dossiers déposés. Villes, experts, associations d’habitants et usagers se sont fédérés autour de ce projet collectif et transnational, portant sur 19 sites répartis sur trois continents, six pays (1) et 18 communes. La série soumise en 2009 a été également réduite, passant de 22 à 19 biens.
Des plans de gestion, de conservation et de mise en valeur ont été mis en place sur tous ces sites pour donner des orientations claires aux propriétaires et impliquer les autorités et communes locales dans ces processus. L’Association des sites Le Corbusier a ainsi été créée, regroupant les villes françaises et étrangères partie prenante de cette candidature, dans le but de définir un cadre de travail mutualisé et coordonné entre les collectivités.
En rajoutant ce patrimoine sur sa liste (2), l’Unesco aurait ainsi fait œuvre pionnière en classant pour la première fois une série de réalisations du XX siècle.
Malgré l’échec de cette candidature, « Le Moniteur » saisit cette actualité pour revenir cet été sur ce patrimoine et son illustre concepteur, qui a contribué à l’émergence du Mouvement moderne : en inventant un nouveau langage en rupture avec l’architecture académique ; en cherchant inlassablement à créer des modèles d’espaces de vie ; en innovant dans les modes de construction et les solutions techniques ; en interrogeant aussi la question de l’habitat de l’homme moderne. Avec pas moins d’une cinquantaine de publications, Le Corbusier a aussi eu une contribution théorique très riche.
De même que c’est la série en tant que telle qui justifiait l’inscription, et le rôle que chaque œuvre, petite ou grande, jouait dans cette partition, de même les neuf réalisations présentées dans ce feuilleton décrivent le dynamisme de ce patrimoine moderne, l’attachement des habitants, et les techniques savantes mises en œuvre pour restaurer cette architecture témoin du XX siècle et de son évolution.
