C’est un soulagement pour les sociétés concessionnaires d’autoroutes : le confinement ne chamboulera pas l’économie générale de leurs contrats. C’est la conclusion du rapport de l’Autorité de régulation des transports (ART) publié le 30 juillet.
Sur la période 2017-2019,« les taux de rentabilité interne (TRI) des concessions ont enregistré une évolution favorable mais modérée. En 2019, il ressort à 7,8% pour les concessions historiques et à 6,4% pour les concessions récentes », estime le rapport. Le TRI des concessions d’autoroutes a enregistré une hausse de l’ordre de 15 points de base entre 2017 et 2019. Cette hausse provient principalement de la révision entre 2017 et 2019 des prévisions, notamment de trafic. Mais aussi de l’écart entre les flux prévisionnels et les réalisés pour les exercices 2018 et 2019.

L’Autorité de régulation des transports se penche ensuite sur l’impact de la crise sanitaire. Elle estime ainsi que « l’épisode du confinement à lui seul ne remet pas en cause l’économie générale des concessions », avant de nuancer : « Les effets de long terme de la crise sanitaire sont incertains ».
-80% de trafic autoroutier pendant le confinement
Le trafic autoroutier a baissé de plus de 80% pendant le confinement : c’est inédit. L’Autorité évalue la perte de recettes correspondante à 25% environ. Pour les sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA), elle serait de l’ordre de 2 Mds€ en 2020.
« Néanmoins ce seul épisode n’est pas en lui-même de nature à remettre en cause l’équilibre économique des contrats », rassure le rapport. En prenant en compte la perte de recettes ainsi que la diminution des charges d’exploitation directement liées au trafic, un choc équivalent à trois mois de confinement conduit à une diminution de 6 points de base du TRI pour les concessions historiques et de 2 points de base du TRI pour les concessions récentes.
Les conséquences du télétravail
Mais l’ART reste prudente et note qu' « il est vraisemblable qu’une crise économique succédera à la crise sanitaire et que l’activité sera durablement affectée ». Le développement du télétravail peut cependant donner un nouvel élan au secteur en incitant « les ménages à se relocaliser plus loin de leur lieu de travail » et entraîner une augmentation des autres déplacements.
Une réduction pérenne de 0,5 point de pourcentage des taux de croissance du trafic, qui correspondrait à un choc majeur, entraînerait une baisse de 14 points de base du TRI pour les concessions historiques et de 35 points de base pour les concessions récentes, chiffre l'Autorité.
Un endettement « parfaitement soutenable »
Ensuite le rapport s’attaque à différents aspects des concessions d’autoroutes. Sur les tarifs, il estime que « les évolutions tarifaires annuelles sont des signaux économiques qui peuvent être mobilisés pour améliorer le bien-être collectif à long terme ». Par exemple, l'ART suggère qu' "il serait efficace que les tarifs évoluent en fonction de la disposition moyenne des usagers à payer, de façon à éviter une sous-utilisation de l’infrastructure". Cela pourrait être mesuré à l'aide d'un indicateur "comme le taux de croissance du PIB par habitant plutôt que le taux d’inflation ou des indices de coûts relatifs aux autoroutes".
Concernant l’endettement des SCA, il le juge « parfaitement soutenable et la bonne exécution des contrats ne devraient pas en être affectée, notamment en fin de concession, ou le concédant est appelé à défendre au mieux ses intérêts patrimoniaux ». Et ce, malgré les impacts de la crise sanitaire.
Enfin, le rapport s’intéresse à la gestion des concessions dans les pays voisins, notamment le Royaume-Uni, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. L’Autorité conclut ainsi : « L’analyse des modèles étrangers en matière d’autoroutes montre que les choix de financement et de gestion peuvent être dissociés, et que tous les transferts de risque ne présentent pas le même intérêt ». Autrement dit, "l’avenir des infrastructures autoroutières en France ne se résume pas à un choix entre poursuite des concessions, d’un côté, et mise en régie, de l’autre", et divers degrés d'externalisation peuvent être envisagés.