Le club Eau et territoires mobilise les collectivités du Grand Est

Lancé en mars dernier dans le Grand Est à l’initiative du pôle Hydreos, le club Eau et territoires entend favoriser le partage de solutions entre collectivités territoriales contraintes de s’adapter au changement climatique.

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Station d'épuration
La station d'épuration de Strasbourg-La Wantzenau figure au top 5 des plus grandes de France, avec une capacité d'1 million d'équivalent-habitants

Le club Eau et territoires est né dans le giron d'Hydreos, le pôle de la filière eau dans le Grand Est, pour offrir aux collectivités territoriales un lieu de partage des connaissances et bonnes pratiques. Lancé en mars dernier, cette instance propose à ses adhérents un accompagnement à la carte, un service de veille, des journées techniques, ainsi que des conférences à l’image de celle prévue les 21 et 22 juin à Strasbourg lors du salon Cycl’Eau Grand Est.

« L’eau est devenue un enjeu stratégique au même titre que l’énergie. Cela induit un besoin de réflexion et d’action à l’échelle de chaque territoire. Cette nécessité oblige à jouer collectif », rappelle Michel Fick, président d’Hydreos, une des structures fondatrices du pôle de compétitivité national France Water Team.

Régies et délégations

Le club Eau et territoires veut démontrer la pertinence de l’échelon régional, pour fédérer les expertises à proximité des besoins. Hydreos compte puiser dans les compétences de ses 170 membres (laboratoires de recherche, entreprises et collectivités) pour nourrir la réflexion du club. Lors de sa conférence de lancement, Alexandre Mayol, titulaire de la chaire « Ressources naturelles et économie locale » à l’Université de Lorraine, a ainsi questionné la tendance à la remunicipalisation de la gestion publique de l’eau.

« La gestion privée serait plus chère de 25% que la gestion publique. En tant qu’économiste je m’interroge : Est-ce que cette gestion est plus chère parce qu’elle est privée ou est-ce que cette gestion a été privatisée parce qu’elle est plus complexe ? »

Ruraux et métropolitains

Philippe Voison, vice-président de la communauté de communes de Seille-Grand Couronné près de Nancy, a livré un aperçu des initiatives prises pour gérer cette complexité en milieu rural. Son intercommunalité alimente en eau potable 19.000 habitants via deux systèmes de gestion indépendants, situés sur des bassins versants distincts et confiés à deux opérateurs différents. « Pour nous, l’enjeu consiste à créer du lien entre une multitude d’opérateurs qui interviennent chacun sur des champs séparés (eau potable, Gemapi, assainissement) afin de bâtir une vraie stratégie », a détaillé l’élu.

Les leviers déployés par certains membres d’Hydreos, comme Metz Métropole au travers du Syndicat des eaux de la région messine (Serm), peuvent inspirer d’autres collectivités du club. Le Serm a ainsi expérimenté le paiement pour services environnementaux en réponse aux pics de nitrates constatés dans la rivière qui alimente à 60% l’agglomération lorraine.

Les prairies, filtres précieux

« Ces pics proviennent de retournements de prairies dus à la diminution de l’élevage. Ils incitent à encourager les filières de production agricole plus respectueuses de la qualité de l’eau. En complément des dispositifs existants, nous avons mis en place le paiement pour services environnementaux initié par le ministère de l’Agriculture.

Des contrats sur cinq ans financés à 80% par l’Agence de l’eau rémunèrent les agriculteurs qui maintiennent des prairies, les premiers filtres de l’eau », détaille Frédérique Baussan, ingérieure au Serm. Le système adopté par 13 exploitations, entre 2021 et 2025, a permis de maintenir 880 hectares de prairies permanentes.

Qualité et quantité

L’accélération du changement climatique rend le partage de solutions de plus en plus incontournable. Lors de la création du club Eau et territoires, l’Agence de l’eau Rhin-Meuse a rappelé que ses objectifs de « bon état des eaux », jusqu’à présent centrés sur la qualité, intègreraient désormais le critère de quantité. Sur ce dernier aspect, l’Eurométropole de Strasbourg espère abaisser de 20% ses prélèvements dans la nappe phréatique du Rhin supérieur à l’horizon 2030. Elle agit notamment en ce sens avec Hydreos auprès des industriels du port autonome de Strasbourg.

« Un club des collectivités peut nous aider à aller plus vite, ensemble, dans cette période de stress hydrique qui impacte les collectivités mais aussi les habitudes des industriels », a précisé Olivier Hervé-Bazin, chargé de mission développement de l’économie verte à l’Eurométropole. La capitale alsacienne étudie la réutilisation des eaux en sortie de station d’épuration, le réemploi des eaux de vidage des piscines ou encore l’utilisation en chasse d’eau des eaux pluviales dans les nouveaux bâtiments, etc.

Ces partages de bonnes pratiques au sein du club Eau et territoires pourraient conduire, s’ils démontrent leur pertinence, à étendre l’initiative aux autres clusters du pôle France Water Team.

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