Le rare scénario de l’avis défavorable d’enquête publique touche un projet à Strasbourg (Bas-Rhin), et pas le plus anecdotique. C’est la conclusion établie par le commissaire-enquêteur à l’encontre de l’extension du tramway vers le nord de l’agglomération, le dossier phare de la fin du mandat municipal actuel, pour un montant total d’investissement de 268 millions d’euros, dont 183 millions de travaux d’infrastructures et déviations de réseaux.
Son rapport, remis lundi 9 décembre à la préfecture, ne sera publié que dans quelques jours, mais des indiscrétions ont amené la métropole à confirmer l’effectivité de cette position dès mardi 10 décembre fin de journée. En l’absence du contenu précis des motivations, son exécutif n’a pas commenté plus en profondeur, « prenant acte » de l’avis selon la formule consacrée, tout en assurant que le principe même de l’extension ne serait pas remis en cause.
Le chantier devait démarrer au printemps prochain, dans le but de rendre le projet irréversible d’ici aux prochaines élections municipales de mars 2026. L’exécutif de l’Eurométropole, dominé par les écologistes, estime encore envisageable de faire résonner des coups de pioche avant le scrutin. Cette hypothèse apparaît cependant peu probable, compte tenu des reprises d’études qui seront nécessaires.
Des oppositions variées
Le projet de 5 km depuis la gare de Strasbourg a suscité un nombre particulièrement important de contributions - plus de 6 000 - à l’enquête publique, signe d’un enjeu bien perçu après déjà plusieurs années de débats Les critiques ne manquent pas : sur le tracé, la méthode de concertation, la forte diminution de circulation en bordure du centre de Strasbourg ou encore la pertinence même du mode tramway - la commune terminus de Bischheim milite, par exemple, depuis toujours pour une solution « bus ». Ces appréciations génèrent une coalition de circonstance, celle de l’ancienne maire PS Catherine Trautmann, cheville ouvrière du retour du tram au début des années 1990 jusqu’aux leaders de l’opposition métropolitaine de centre-droit et LR.
Pour autant, l’issue de l’enquête publique de septembre-octobre 2024 est inattendue. Elle laisse entière la question de la connexion à des transports en commun performants de la première couronne nord, un bassin autour de Schiltigheim, seconde ville de l’agglomération, que le tramway entend desservir à raison de 46 000 voyages par jour.
L’autre extension du tramway, vers l’ouest (pour un budget de 120 millions d’euros dont 80 millions de travaux) suit, pour sa part, le cours normal de son chantier, de façon à la mettre en service fin 2025.