Quels sont les paramètres qui influent sur le confort ressenti dans un bâtiment ? Est-ce la thermique ? Ses performances énergétiques ? La qualité de l’air intérieur ? De la lumière naturelle ? Le traitement acoustique ? Difficile de quantifier et d’évaluer ces différents impacts sur la concentration des collaborateurs dans un immeuble tertiaire ou sur le bien-être des patients dans un hôpital. « C’est pourtant de cette manière que nous devrions voir les choses », insistait mercredi 29 octobre Steffan Haglind, responsable international du Green business chez Skanska, entreprise de construction suédoise. Il prenait la parole lors du symposium Active house qui se déroulait à Barcelone (Espagne) dans le cadre de la conférence du World Sustainable Building. Sous-titré « Comment développer davantage les bâtiments durables », le symposium a pris le contre-pied des discours habituels sur les performances thermique et énergétique des bâtiments.
Prendre en compte la lumière naturelle
Qu’est-ce qu’un bâtiment performant ? Est-il techniquement faisable et financièrement viable ? « Je l’espère », a déclaré en ouverture Pau Garcia, chef de projet énergie au sein de la Commission Européenne. L’expérience « Active house », soit cinquante constructions neuves et rénovées dont les performances et le confort ont été suivis pendant un an d’occupation a montré qu’il est d’ores et déjà possible de construire des bâtiments performants avec les techniques d’aujourd’hui. « Le surcoût est ce qui pose encore problème », a noté Steffan Haglind de Skanska. Afin de mettre en perspective cette dépense initiale, il s’est appuyé sur le rapport Santé, bien-être et productivité dans les immeubles tertiaires du World Green building Council. Rapport dont il a extrait quelques chiffres clés :
Dans les boutiques, l’apport de lumière naturelle augmente le chiffre d’affaires dans une proportion comprise entre 15 et 40 %. Dans les bureaux, le confort et la vue sur l’extérieur améliorent les facultés intellectuelles de 18 %. A l’hôpital, bénéficier d’une chambre avec vue réduit la durée de séjour dans 8,5 % des cas...
Il est donc possible de limiter les surcoûts en adoptant une nouvelle démarche, plus pragmatique dès le début du projet. Et surtout, ces surcoûts sont à mettre en perspective par rapport à l’amélioration de la productivité des salariés et à la réduction des arrêts de travail. Il est donc important de changer notre état d’esprit afin de voir non plus les dépenses énergétiques des bâtiments, mais comment ces mêmes bâtiments et leur environnement affectent leurs occupants.
Maison air et lumière
A ce sujet, l’expérience menée en France sur la maison Air et lumière réalisée et pilotée pendant son occupation sur une période d’un an par Velux est riche d’enseignement. Ils montrent en premier lieu que la lumière naturelle et la qualité de l’air intérieur sont conciliables avec la sobriété énergétique, en particulier grâce à la bonne isolation du bâti et aux performances de la ventilation. « L’attention portée à la toiture nous a permis d’apporter du confort aux occupants en toute saison », souligne Catherine Juilliard, de la direction marketing et développement de Velux. Grâce à la conception du toit, le tirage thermique permettait en été de réduire de 6 °C la température intérieure par rapport à l’extérieur. Ces enseignements et ceux des autres constructions réalisées et suivi dans le cadre d’Active house seront synthétisés et serviront de base au projet Model Home 2020. Il s’agit d’en tirer des pistes concrètes pour les constructions futures, en neuf, comme en rénovation.