Lancement de Desertec, le projet énergétique du siècle

Douze entreprises, en majorité allemandes, ont signé un protocole d'accord qui pose les jalons d'un projet pharaonique de production d'énergie solaire dans le désert africain à destination de l'Europe.

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Le projet Desertec.

Ce projet de 400 milliards d'euros vise à construire des centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient afin de couvrir à terme 15% des besoins énergétiques de l'Europe et une grande partie de ceux des pays producteurs.

"Aujourd'hui, nous avons fait un pas en avant" vers sa réalisation, s'est réjoui Nikolaus von Bomhard, patron du réassureur allemand Munich Re, au siège duquel fut signé lundi 13 juillet le protocole d'accord à Munich.

Le protocole d'accord prévoit la création d'un bureau d'études au plus tard fin octobre.

Il devra aboutir d'ici à trois ans à "l'élaboration de plans d'investissement réalisables" pour la création de ce réseau de centrales solaires thermiques, selon un communiqué de presse.

Parce qu'en six heures, les déserts de notre planète reçoivent plus d'énergie que l'humanité entière n'en consomme dans toute une année, les initiateurs de ce projet en sont venus rapidement à se poser une seule et unique question : "Comment transformer économiquement cette énergie rayonnante en énergie utilisable et la transporter jusqu'aux consommateurs?".

Selon le Centre Aérospatial Allemand (DLR), les centrales thermiques solaires dans les régions désertiques devraient pouvoir, dans les 40 ans à venir, satisfaire plus de la moitié des besoins énergétiques nécessaires sous forme d'électricité de la région EUMENA (Europe, Moyen Orient, Afrique du Nord).

Le projet repose sur un réseau de centrales thermiques solaires à concentration (Concentrating Solar-Thermal Power, CSP). Le principe est connu et déjà en application, en Californie notamment. Des batteries de miroirs suivent le déplacement du soleil et réfléchissent la lumière vers un tube contenant un fluide caloporteur qui lui-même chauffe des circuits d'eau.

Autre élément fondamental du dispositif : la distribution. Les promoteurs du projet envisagent de construire un réseau de lignes de transmission de courant continu haute tension (CCHT), qui permet de transporter le courant avec des pertes inférieures à trois pour cent par 1000 km de distance. Ces liaisons pourraient être aériennes, enterrées ou posées au fond de la Méditerranée.

Un obstacle majeur reste à débloquer : le prix de l'énergie. Le couple électricité thermosolaire et transport CCHT coûte aujourd'hui entre 10 et 20 centimes d'euros (contre de 3 à 5 centimes d'euros pour le kilowattheure nucléaire ou fossile). Cette facture pourrait bien évidement baisser en fonction du niveau de production des composants et des progrès techniques. Dans le même temps, la raréfaction des énergies fossiles devrait faire de cette énergie une alternative économiquement valable.

Si ce projet est jugé réaliste, de nombreuses questions demeurent. Ainsi, les aspects géopolitiques ne peuvent pas être écartés. Car construire des centrales dans des régions aux régimes politiques instables pourrait conduire les pays du Nord à rester dépendants d'une poignée de pays producteurs, exactement comme le pétrole.

www.desertec.org

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