Selon Bernard Chocat, professeur émérite à l’INSA de Lyon et vice-président de l’Astee (Association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement), l’eau de pluie urbaine est une ressource abondante mais difficile à mobiliser car on l’a transformée en un déchet, en une menace. Il faut en finir avec le principe hygiéniste du XIXe siècle qui préconisait d’évacuer au plus vite les eaux pluviales par un système de canalisations. Les conséquences de cette solution sont d’une part l’augmentation des risques d’inondation et la nécessité d’investissements très importants, d’autre part la dégradation de la qualité des milieux aquatiques et du niveau des nappes phréatiques.
On redécouvre depuis quelques décennies les vertus du cycle naturel de l’eau. Or l’infiltration des eaux pluviales dans le sol pour rejoindre les nappes phréatiques est empêchée par l’imperméabilisation des sols en zone urbaine. Ainsi, en Europe, plus de 500 km² de sols sont recouverts chaque année par un revêtement imperméable, selon un rapport de la Commission Européenne de mai 2011. L’expert recommande donc de rendre la ville « transparente » à l’eau, en infiltrant, stockant et réutilisant l’eau, en retardant son écoulement.
Avoir les pieds au sec sans évacuer l’eau au plus vite, c’est possible avec des couches de sol superficielles perméables qui stockent temporairement l’eau de pluie. Il existe déjà des enrobés bitumineux drainants. L’équipe de recherche et développement de Lafarge, sous la conduite de son directeur Pascal Casanova, a tenté d’apporter une réponse béton en se fixant le cahier des charges suivant : mettre au point un béton de haut niveau de perméabilité, facile à mettre en œuvre et esthétique. Hydromedia, le résultat de cette recherche de deux ans, est issu du béton autoplaçant Agilia, qui se met en œuvre « tout seul ». Une sélection précise de granulats enrobés par une pâte de ciment issue de la technologie des bétons à haute performance permet de répondre aux exigences de porosité et de résistance mécanique. Le compromis perméabilité/résistance est obtenu avec une porosité de 20 à 30 %, une perméabilité de 150 à 1000 litres/m².mn et une résistance à la compression de 10 à 20 MPa.
Posé sur une couche de granulats, ce béton drainant permet de réaliser des chaussées à trafic léger telles que parkings, pistes cyclables, aménagement urbains piétons… Pour les trafics intenses, Lafarge continue ses recherches.
