Après la tempête, l'horizon se dégage enfin pour la Société du Grand Paris (SGP). Le maître d'ouvrage du Grand Paris Express (GPE), pointé du doigt par la Cour des comptes mi- janvier pour les dépassements budgétaires du « supermétro », entre autres, et un calendrier de réalisation intenable, est en voie de reconfiguration pour tenir la feuille de route assignée par le gouvernement courant février : boucler le « chantier du siècle » à l'horizon 2030, pour les dernières lignes (lire « Le Moniteur » du 30 mars) . Mais pas à n'importe quel prix : l'exécutif a réclamé 10 % d'économies sur le projet, soit 3,5 Mds € à trouver sur les 35 Mds € chiffrés aujourd'hui. Une mission que ne mènera pas l'actuel président du directoire, Philippe Yvin, dont le départ a été acté courant janvier par le gouvernement.
C'est dans ce contexte qu'il faut examiner le CV de celui qui a toutes les chances de devenir le prochain président du directoire de la SGP. Après avoir auditionné pas moins de 60 candidats depuis janvier, le gouvernement a arrêté son choix, le 23 mars, sur Thierry Dallard, 52 ans. Son profil ? Celui d'un « technicien » de haute volée, d'abord. Cet ingénieur, normalien et « Ponts et chaussées », est nanti d'une solide expérience dans le domaine des infrastructures et du transport.
Passé par le CETE Méditerranée (devenu Cerema Méditerranée) au poste de chef du département Infrastructures et transports, il avait rejoint en 2003 la société des Autoroutes du sud de la France, pour diriger le développement France et international. Autre atout, Thierry Dallard est un habitué des ministères. Il a notamment occupé le poste de directeur adjoint à la direction générale des routes en 2004.
Un regard critique sur les appels d'offres
Si ce profil de technicien et de spécialiste des transports le distingue de l'actuel titulaire du poste, Philippe Yvin (Essec, ancien conseiller de Jean-Marc Ayrault à Matignon et plutôt connaisseur des problématiques de la ville) il ne détonne pas, en revanche, au sein de la SGP, déjà bien dotée en la matière. Bernard Cathelain, membre du directoire, est un « X-Ponts », pour ne citer qu'un exemple.
C'est donc une autre ligne de son CV qui aurait fait la différence aux yeux du gouvernement, analyse un bon connaisseur du dossier : « Il va apporter une expérience en ingénierie financière qui colle à la feuille de route du gouvernement. » Car Thierry Dallard n'a pas fait carrière que dans le public. Il évolue depuis dix ans chez Meridiam Infrastructure, un fonds spécialisé dans les infrastructures, dont il est aujourd'hui encore directeur délégué France. Dans son périmètre : le développement, commercial et opérationnel, des projets d'investissement de Meridiam dans l'Hexagone, ou la supervision des équipes d' asset management en charge de ces investissements. A ce titre, « il a été maître d'ouvrage ou associé à des projets majeurs comme la LGV Tours-Bordeaux, la LGV Nîmes-Montpellier, ou encore le boulevard périphérique de Marseille, dit rocade L2 », fait valoir le gouvernement. « Cela lui apportera un regard critique quand il faudra décortiquer les réponses aux appels d'offres, voire recalibrer des lots ou des gares », interprète un cadre de haut rang d'une entreprise de construction.
Il va falloir patienter avant que la nouvelle gouvernance de la SGP soit en place. La candidature de Thierry Dallard doit encore recueillir l'avis du Conseil de surveillance de la SGP, ces prochaines semaines. Puis il sera auditionné par les commissions aménagement du territoire et développement durable à l'Assemblée nationale et au Sénat. Enfin, un décret de l'exécutif sera nécessaire. Un nouveau chapitre de l'histoire du Grand Paris Express commencera alors.
La feuille de route du gouvernement prévoit 3,5 Mds € d'économies à réaliser sur le GPE.