Le tribunal administratif a annulé lundi l'arrêté préfectoral autorisant à exploiter la carrière du lieu-dit la « Ravine du trou – Bois blanc », dont les roches massives devaient servir au chantier titanesque de la nouvelle route du littoral sur l'île de la Réunion. L'autorité administrative a aussi suspendu l'autorisation préfectorale de défrichement, prélude à l'exploitation de cette carrière située sur la commune de Saint-Leu. Des décisions qui devraientretarder de plusieurs mois le chantier de cette route en mer devant relier le nord à l'ouest, évaluée à près de deux milliards d'euros.
Coup de frein au projet
Pour rappel, ces travaux d'envergure visent à construire une nouvelle infrastructure de 12,5 km, qui longe l'axe principal de circulation de l'île. Sur ce linéaire, deux viaducs et cinq digues se succèdent, ce qui permet d'assurer les liaisons de part d'autre des communes de Saint-Denis et de la Possession.
Selon les estimations, les besoins de matériaux de carrière pour la construction de la partie digues nécessitent d'acheminer 19 millions de tonnes de matériaux (enrochements et déblais). En juin 2018, quelque 7,5 millions de tonnes, dont 60 % de matériaux issus de revalorisation, avaient d’ores et déjà été livrées sur place. A elle seule, la carrière de Saint-Leu devait couvrir 85% des besoins restants en approvisionnements.
Nuisances pour la population
Les requêtes en suspension des arrêtés préfectoraux ont été déposées par la Société réunionnaise pour l'étude et la protection de l'environnement - Réunion nature environnement (Srepen) et par la mairie de Saint-Leu. Ces dernières se basaient sur « les nuisances importantes pour la population, les atteintes graves à l'environnement et à la biodiversité » qu'engendreraient l'exploitation de carrière.
Le tribunal administratif a retenu ces arguments. « L'exécution de la décision préfectorale serait de nature à porter une atteinte grave et immédiate aux intérêts qu'entendent défendre la Srepen et la commune de Saint-Leu », écrit la juridiction administrative dans les motifs de sa décision.
Absence d'alternative
Elle ajoute que « le projet de la NRL se caractérisait par l'absence d'une réelle réflexion sur les moyens d'approvisionnement à mettre en œuvre pour réaliser la partie digue de l'ouvrage ». Cette dernière a pourtant déjà été en partie réalisée pour les digues 1 à 4, situées notamment vers Saint-Denis et au niveau de l'échangeur de la Possession. Mais la cinquième digue, la plus longue de 2,7 km, n'a toujours pas été réalisée. Or, aucune roche massive nécessaire à ce chantier n'est pour le moment disponible.
Le Conseil régional avait attribué en 2013 le marché de la construction au groupement Vinci Bouygues. Cela alors que « le maître d'ouvrage (le conseil régional, NDLR) et l'autorité préfectorale (…) ont négligé de lancer en temps utile les procédures » remarque le tribunal administratif. Le Conseil régional a annoncé lundi soir qu'il s’associerait « à l’Etat dans l’hypothèse d’un pourvoi en cassation au Conseil d’Etat ».