Sur cette terre d'histoire qu'est La Plaine Saint-Denis, les symboles ont leur importance. En 1998, alors que s'achevait la grande cathédrale du sport, à l'ombre de la basilique Saint-Denis, La Plaine, grâce à la couverture de l'A1, se réunifiait autour de son ancienne voie royale. Sept ans après, la reconquête de ce vaste territoire de 600 hectares, frappé de plein fouet par la désindustrialisation, est bien engagée : 20 000 emplois créés en quatre ans et 850 entreprises implantées au cours des deux dernières années.
Ce renouveau est le fruit d'une forte volonté politique qui a pu s'appuyer sur le projet urbain élaboré pendant les années de crise, conjuguée au redémarrage du marché des bureaux. Définis entre 1991 et 1995 par le GIE Hippodamos 93 (Pierre Riboulet, Michel Corajoud, Yves Lion, Philippe Robert), les grands principes d'aménagement de La Plaine Saint-Denis s'articulent autour de la mise en valeur de l'existant et des spécificités géographiques du site, la création d'un maillage viaire et la mixité urbaine. « La reconquête de l'avenue du président Wilson est achevée, l'aménagement des berges du canal a démarré et le réseau de voies nord-sud et est-ouest est réalisé à 50 % », estime Jean-Claude Bordigoni, directeur général délégué de la SEM Plaine Commune Développement.
Des ZAC à dominante fonctionnelle
Quant à la mixité urbaine, elle se construit progressivement à travers la dizaine de ZAC en chantier (voir encadré). « Hippodamos souhaitait décliner cette mixité opération par opération (un tiers bureaux, un tiers activités, un tiers logements). Nous avons décidé de la mettre en oeuvre à l'échelle de La Plaine pour tenir compte des spécificités des différents secteurs. Nous avons donc créé des ZAC à dominante fonctionnelle sans être exclusives des autres fonctions », précise Jean-Claude Bordigoni. La ZAC Landy France, par exemple, regroupera 177 000 m2 de bureaux et 35 000 m2 logements (500) .
Autre choix : celui de quartiers à taille humaine avec des hauteurs limitées pour les immeubles et de vastes espaces publics. « Le montage financier des ZAC est plus difficile, commente Jean-Claude Bordigoni, d'autant que nous refusons de laisser s'envoler les charges foncières car nous considérons que les marchés sont encore fragiles. En contrepartie, nous demandons aux promoteurs un effort sur la qualité architecturale des programmes. »
Face au ralentissement du marché des bureaux, les responsables de Plaine Commune ne s'inquiètent pas. Il y a peu de stocks et les opérations de logements prennent le relais. C'est aussi l'occasion de faire porter l'effort sur le développement des locaux d'activités. « C'est le moyen le plus adapté d'offrir de l'emploi aux habitants de Plaine Commune », estime Michel Perrot, directeur général adjoint de la communauté d'agglomération, en charge du développement urbain et social. C'est l'un des paris du projet de quartier commercial ZAC Canal Porte d'Aubervilliers (265 000 m2 dont 76 000 m2 de commerces) avec 1 200 emplois à la clé.
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A l'horizon 2015, le projet urbain de La Plaine Saint-Denis prévoit un doublement du nombre d'habitants (de 15 000 à 30 000) et d'emplois (de 30 000 à 60 000). A mi-parcours, les objectifs sont globalement atteints.