En décembre, la nouvelle équipe de maîtrise d’œuvre urbaine (pilotée par un paysagiste) prendra le relais, pour 8 ans, de Marcel Smets et Anne Mie Depuydt, dont l’accord-cadre arrive au terme après six années. Pour matérialiser l’approche instaurée depuis 2010 dans la fabrication de l’Île de Nantes, la Société d’aménagement de la métropole Ouest Atlantique (Samoa) a confié au critique d’architecture Jean-Louis Violeau le commissariat d’une exposition sur la période Smets-uapS. «Architectures habitées de l’Île de Nantes 2010-2016» s’articule autour de cinq espaces thématiques – Vu de l’intérieur (habiter autrement), Travailler mais autrement (activités), Au bonheur des cerveaux (enseignement et recherche), Créer dans le délaissé (culture) et Room-service (services à la personne) - illustrés chacun par un panorama d’opérations immobilières et un zoom sur un projet particulier.
Les grand noms
Après l’époque Chemetoff et un investissement fort de l’espace public (Nefs, Parc des chantiers), Jean-Louis Violeau a su faire «émerger le discret» de la phase 2 de l’aménagement de l’île en décryptant le processus de conception de 28 projets lancés de 2010 à 2016. On y retrouve quelques grands noms de l’architecture mondiale comme Souto de Moura ou Dominique Perrault; beaucoup de nos stars nationales, comme Rudy Ricciotti, Bruno Gaudin, Moatti & Rivière, Bruno Mader, François Leclercq, LAN, Franklin Azzi, ECDM, Métra, Brénac & Gonzalez, Antonini et Darmon, Leibar et Seigneurin, etc.; les pointures locales (finalement assez peu présentes) comme Tetrac, Berthomieu, DLW ou Barré-Lambot; et la jeune scène prometteuse nantaise comme Raum, Tact, Christophe Theilmann, Drodelot, Bigre, Mabire-Reich, Fichtre, Avignon-Clouet, Block, Guinée-Potin, Bourbouze-Graindorge…
Elaboration partagée
Pour structurer les programmes immobiliers, dont la production a explosé à partir de 2010, le «plan des transformations» des architectes-urbanistes s’est d’abord appuyé sur la mobilité (ligne chronobus C5 livrée en 2015, arrivée du tramway prévue en 2026, véloroute, traversées, etc.). Figure paysagère, urbanité, valeur d’usage, etc., autour de ces maîtres mots collectivités, architectes, promoteurs, habitants et entreprises se sont ensuite impliqués dans des workshops afin de dessiner le futur d’une île à vivre. «Le PLU a même été modifié dans l’intérêt du projet» rappelle Anne Mie Depuydt qui a défendu d’une main de fer des concepts comme les rez-de-chaussée habités, l’hybridation habitat/bureaux, les programmes évolutifs, etc., jusqu’à des hauteurs sous plafond de 2,70 m. Tout en relevant le défi de la durabilité dans une économie contrainte, le résultat est à la hauteur. Les urbanistes ont su faire émerger «des initiatives venant du territoire» se félicite Alain Bertrand, directeur général adjoint de la Samoa. «Grâce à ce travail, on peut raconter une histoire sur beaucoup de bâtiments» ajoute-t-il.
Quant à l’histoire de l’île, elle se poursuit avec l’arrivée, d’ici 2026, des 250 000 m2 du futur CHU (Art&Build, Pargade, Sign, Artelia) et d’un parc métropolitain de 14 hectares qui donneront une nouvelle identité au site, voire sa nouvelle centralité.
"Architectures habitées de l'Île de Nantes - 2010-2016"
Galerie Loire de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Nantes.
6, quai François-Mitterand à Nantes.
Du 7 octobre au 15 décembre 2016, du mardi au samedi, de 13h à 18h.
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