L’Eurométropole de Strasbourg (Bas-Rhin) a dévoilé mercredi le nom des cinq équipes qu’elle a présélectionnées pour le concours de maîtrise d’œuvre de la rénovation et de l’agrandissement du stade de la Meinau. Pour ce qui sera sans doute le dernier acte fort de la présidence de Robert Herrmann, passionné de sport, la collectivité a frappé fort : parmi la quarantaine de groupements qui lui ont répondu, elle a pu en retenir cinq tous menés par de grands noms de l’architecture d’enceintes sportives en général et de « temples » du football en particulier.
Ce quintette se compose en effet des Français Scau, l’architecte du stade de France et de la rénovation du Vélodrome de Marseille, et 2Portzamparc qui compte à son actif la rénovation du Parc des Princes et la construction de la Paris-La Défense Arena, des Britanniques Populous (Tottenham Hotspur Stadium, Emirates Stadium d’Arsenal, nouveau stade de Wembley, tous à Londres, Aviva Stadium à Dublin et Groupama Stadium de Lyon, etc.) et KSS (extension d’Anfield Road à Liverpool, nouvelles tribunes de Twickenham à Londres, etc.) et de l’allemand HPP qui a œuvré à Shanghai ou dans son pays, à Wolfsburg, Leverkusen et à Gelsenkirchen pour le club Schalke 04. « On navigue de la Bundesliga (allemande) à la Premier League (anglaise) », s’est réjoui mercredi Marc Keller, le président du Racing-club de Strasbourg. Portzamparc est associé à l’agence ATSP (Tom Sheehan), Populous à l’alsacien Rey-de Crécy, HPP au parisien Archi5Prod et au local Emergence et KSS à un autre alsacien, AEA.
Choix du lauréat en juillet
En comptant les divers bureaux d’études, paysagistes, économistes et « référents environnementaux », ce sont plus de 30 structures qui vont entrer en compétition. Les équipes remettront leur projet respectif fin mai et le jury les départagera dans la première moitié de juillet. Le calendrier de réalisation, tel qu’établi par l’Eurométropole, son assistant à maîtrise d’ouvrage ISC (groupe Vinci) autre habitué de ce type de dossiers et le Racing, définit trois phases, de mai 2022 à l’été 2025. Les travaux seront réalisés en site occupé, certes particuliers. Ils commenceront par les plus impactants, à savoir la surélévation de la tribune sud permettant une hausse de capacité, à 32 500 places contre 26 000. « Pendant le déroulement de cette première phase, en 2022 et 2023, la capacité disponible descendra à son point bas, entre 19 000 et 20 000 places », souligne Frédéric Thommen, directeur de la construction de l’Eurométropole. Les deux tranches suivantes restructureront la fan zone et la billetterie, puis les tribunes Nord et Est.
« Agrandir sans exagérer, pour l’ambiance »
Partant de l’étude de faisabilité de 2017 qui avait conclu à la pertinence de garder le stade à son emplacement actuel, la programmation a fixé comme priorités « la mise en valeur de la fan zone qui est un élément de l’ADN du club sans équivalent ailleurs en France » et le « principe d’agrandir, sans exagérer », expose Marc Keller. Ce dernier point aboutissant à fixer la jauge à 32 500 places distingue l’approche strasbourgeoise : elle a estimé que pour l’ambiance, mieux valait un stade de taille moyenne mais plein (chaque match attire déjà aujourd’hui plus de 25 000 spectateurs) qu’une enceinte géante à moitié vide. La Meinau revisitée sera un terrain très proche du public, à l’anglaise, ce qui n’est sans doute pas étranger à l’intérêt que lui ont manifesté tant d’équipes d’architectes anglo-saxonnes.
L’annonce de la présélection a permis de confirmer le montant du budget et son plan de financement. La rénovation-extension s’élèvera à 100 millions d’euros entièrement financés par les collectivités locales, soit l’Eurométropole (50 %), la région Grand Est (25 %), la Ville de Strasbourg et le département du Bas-Rhin (12,5 %) chacun. Le club du Racing ajoutera, pour sa part, 38 millions d’euros pour terminer les aménagements, implanter les boutiques, moderniser les terrains d’entraînement et le centre de formation. Selon son président, il souhaite ainsi « se donner les moyens de jouer durablement dans la cour des 5e à 10e de Ligue 1 où évoluent des métropoles comparables comme Bordeaux et Nice ».