Densité urbaine et production agricole de qualité ne sont plus antagonistes. Avec le projet FUL – Ferme urbaine lyonnaise – Philippe Audubert, président de FUL SAS et par ailleurs cofondateur de l’agence d’architecture et d’urbanisme Notus avec Didier Gaydou, en charge du suivi de ce chantier et du développement du concept dans les projets d’aménagement urbains et Christophe Lachambre, ancien cadre financier dans le domaine de l’agrofourniture, en font la démonstration. C’est sur le site de l’Insa à Lyon, partenaire du projet, que le premier site pilote a été officiellement inauguré vendredi 21 octobre.
L’idée de FUL consiste à concevoir des bâtiments pour abriter et contrôler une production en hydroponie (technique de culture hors sol) sous climat artificiel, répartie sur des plateaux techniques superposés. Les plantes effectuent un parcours horizontal et vertical sur des tapis roulants, reproduisant le cycle de croissance. Econome en eau et en énergie, cette production intensive peut s’adapter partout dans la ville. Les unités, en structure métallique d’un poids inférieur à 450 kg/m2 peuvent se nicher sur les toits, dans les parkings de bâtiments ou sur des fonciers «ingrats» comme en bordure d’autoroute par exemple. Pour répondre aux enjeux énergétiques du climat artificiel, des panneaux photovoltaïques sont installés en façade. «Pour limiter les amplitudes thermiques, nous créerons des espaces tampons entre le volume fermé et le volume accueillant la production agricole», précise Didier Gaydou, architecte. La mutualisation des énergies avec des bâtiments voisins sera également un enjeu important pour implanter les unités de productions.
500 tonnes par an
Une unité de production standard occupe un bâtiment de 1 000 m2 au sol et intègre une culture sur trois étages soit 2 200 m2 de surface agricole utile. Elle peut produire pendant 47 semaines l’équivalent de 11 tonnes de végétal/semaine. Des produits alimentaires haut de gamme ou des ingrédients végétaux pour des compositions pharmaceutiques, cosmétologiques etc. sont visés par ce type de production. Le coût d’une infrastructure de 1 000 m2 au sol, développant trois étages de culture, avoisine les 5 millions d’euros. Sous condition d’une culture intensive, le retour sur investissement est de six ans environ.
Pour monter et développer ce projet, les concepteurs de FUL se sont entourés d’un consortium regroupant six entreprises référentes (*) et de partenaires issus du monde universitaire comme l’Insa et Isara de Lyon et l’Inra d’Angers.
Pour financer ce démonstrateur, FUL a reçu diverses subventions dont 200 000 euros dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) et 61 000 euros de l’Ademe. Souhaitant passer à une phase industrielle, FUL ouvre aujourd’hui son capital à des industriels et fonds d’amorçage.