Le réseau de chaleur et de climatisation de Paris-La Défense est certainement l’un des plus important de l'Hexagone, grâce à ses 24 km en chaud et à ses 14 km de froid, alimentés par deux centrales principales, celles de Nanterre-Pons et de Courbevoie.
Pour le verdir, Idex-La Défense, le concessionnaire, revoit son mix énergétique. L’entreprise a ainsi fait le choix de conserver ses installations au gaz pour la première chaufferie, mais d'alimenter une partie des chaudières de Courbevoie avec un combustible issu de la biomasse. En l’occurrence des agropellets Calys, c’est-à-dire des granules constitués de résidus agricoles (paille de colza, maïs, miscanthus, coque de noix, sarments de vignes, tourteau de tournesol, noyaux d'olives…). « L’utilisation de cette source d’énergie à cette échelle, pour alimenter un réseau de chaleur, constitue une première en France et en Europe », assure Frédéric Joseph, directeur régional en charge d'Idex la Défense, qui ambitionne de valoriser cette filière sur tout le territoire du bassin parisien, grâce à ses plaines agricoles.

Essais préalables
« Pour pouvoir valider la faisabilité, nous avons dû mener des essais grandeur nature en Finlande », se rappelle Frédéric Joseph. En effet, l’idée était de transformer deux des quatre anciennes chaudières fioul, hors d’état de fonctionnement depuis une quinzaine d’années, en chaudière à granules, selon un procédé que maîtrisent les Finlandais pour la combustion des pellets de bois. « La technologie consiste à broyer les granules en une fine poussière qui est ensuite pulvérisée dans les chambres de combustion dotées de bruleurs adaptés, en substitution du fioul », détaille le directeur régional. « Des essais de performance et d’émission, avec ou sans traitement de fumée, ont été réalisés, ce qui nous a permis de démontrer qu’on était capable de maitriser les meilleurs techniques disponibles (MTD) », poursuit-il.
Transformation des actifs
Fort de ces essais, les travaux de transformation de la centrale thermique de Courbevoie ont démarré en juillet 2021. À commencer par l’ancienne voie de chemin de fer qui servait au transport de charbon et de fioul. « Les agropellets, en provenance de Gellainville, à côté de Chartres (Eure-et-Loir), seront acheminés au moyen de huit wagons céréaliers, trois fois par semaine », explique Frédéric Joseph.
Trois sur quatre des anciennes énormes cuves à fioul de la centrale ont ensuite été démontées, de manière à récupérer le volume pour y installer toute l’activité de traitement des granules. Ces derniers seront eux stockés dans des silos de 10 m de profondeur, pour une autonomie de 3/4 jours à pleine charge. Depuis un silo, un convoyeur achemine les agropellets vers un broyeur pour les transformer en poudre et pouvoir les injecter dans le bruleur afin d'alimenter la chaudière. En sortie, « nous recherchons des débouchés pour les cendres que l’on pourrait épandre dans les champs », espère le directeur régional. Quant aux fumées, qui dégagent notamment du dioxyde de carbone (CO2), de l’oxyde d’azote (NOX) et des particules fines, elles sont traitées par un système de réduction catalytique, de manière capter les polluants grâce à un procédé d’ultrafiltration.

1 Silo de pellets
2 Convoyeurs à vis
3 Broyeur à marteaux
4 Séparateur air/poudre
5 Soufflerie
6 Unité de dosage des poudres
7 ventilateurs de combustion
8 Brûleur de poudre de bois
9 Chaudière à vapeur
10 Traitement des gaz de combustion
11 Ventilateur de gaz de combustion
12 Cheminée
Alors que la mise en œuvre des installations s’achève, moyennant un investissement de près de 36 millions d’euros, le premier feu devrait avoir lieu à la mi-avril. Ce projet permettra ainsi de gérer un mix énergétique au quotidien, en fonction de la demande, des disponibilités, et du prix, avec comme objectif de porter le taux d’énergie renouvelable du réseau de chaleur à 60 %. Visionnaire, Frédéric Joseph ajoute « demain, nous serons certainement amener à développer un outil d’aide au pilotage afin de consommer le bon combustible en fonction de la demande et de la disponibilité en particulier ».