L'hôpital Pompidou atteint aux artères

Le réseau d'eau est responsable de la légionellose

A peine ouvert, voilà l'hôpital Georges Pompidou (HEGP), fleuron de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, présenté comme « l'hôpital du troisième millénaire », frappé de mesures conservatoires après le diagnostic de cas de légionellose courant décembre 2000. Qu'a-t-il pu se passer alors que des équipements performants ont été retenus et qu'un soin particulier a été porté à la maintenance préventive?

Les raisons de cette affaire liée à la prolifération bactérienne de la légionelle dans les réseaux d'eau de l'établissement sont à la fois simples et complexes. Des problèmes de potabilité du circuit d'eau froide sont apparus dès le début de 2000 à cause de la sous-utilisation des locaux, donc des circuits hydrauliques. En cause, selon la société Ofis missionnée pour le diagnostic : une stagnation anormalement longue de l'eau. Courant décembre, les problèmes sont devenus plus critiques à la suite de mesures effectuées périodiquement sur le réseau par le Clin (1) révélant une concentration anormale de la légionelle dans le réseau d'eau chaude. L'alerte a été déclenchée et des cas avérés de légionellose sur des patients ont pu être mis en relation.

« Or, le constat est toujours le même, selon Yves Forzini directeur général d'Ofis : une eau stagnante en raison du trop faible taux d'occupation des locaux. De plus, des parties du réseau hydraulique correspondant à des zones non occupées de l'établissement auraient pu contaminer le reste du réseau en service, en constituant de véritables bras morts ». Sans attendre les résultats de l'enquête confiée au Clin central sur les origines exactes de la contamination, des mesures ont été prises. Elles consistent à tuer les bactéries en procédant d'une part, à un choc thermique par élévation momentanée de la température de l'eau et, d'autre part, à désinfecter le réseau grâce à un traitement chimique à base de chlore.

« Dans un second temps, indique Yves Forzini, il s'agit, comme pour le réseau d'eau froide, de procéder artificiellement à des tirages d'eau pour éviter sa stagnation. Parallèlement, il faudra renforcer les contrôles de la qualité bactériologique de l'eau et, d'une façon générale la maintenance des équipements. Toutefois, il conviendra de lutter contre un paradoxe qui tient au fait que plus on ferme de services par mesure préventive, plus les risques de prolifération bactérienne augmentent ! »

Dernier élément : la conception du réseau. Il semble que toutes les mesures n'aient pas été prises pour le sécuriser et notamment procéder à ces chocs thermiques. De plus, ce réseau est réalisé en acier galvanisé, matériau dont on sait, d'après les études du Centre scientifique et technique du bâtiment, qu'il présente un terrain plus favorable au développement de la bactérie que le cuivre, plus neutre mais plus coûteux.

Le Moniteur organise le 30 mars et le 15 juin une journée de formation sur la détection des légionelles et la décontamination. Rens. : 01.40.13.37.07.

(1) Comité de lutte contre l'infection nosocomiale.

PHOTO : Liés à la sous-utilisation des locaux, des problèmes de potabilité de l'eau sont apparus dès le début de 2000.

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