Les investissements routiers des départements ont poursuivi leur croissance en 2020. La courbe tracée dans l’étude annuelle de l’observatoire national de la route (ONR), publiée le 29 novembre, prolonge la lente progression observée depuis 2016 : hors grands travaux, la dépense dépasse 6000 euros par km. Ce chiffre rejoint celui de 2013, qui avait précédé une chute de 20% dans les deux années suivantes.
Solidité des données départementales
La reprise globale cache de grandes différences induites par la démographie : dans les « très grands départements » (plus d’1 million d’habitants), la dépense par km avoisine 11 000 euros, contre à peine plus de 4 000 dans les petits et les moyens où vivent respectivement moins de 250 000 habitants pour les premiers, et de 250 000 à 500 000 pour les seconds.
Ces statistiques donnent l’un des apports les plus précieux de l’ONR à la connaissance des dépenses d’entretien routier, compte tenu du poids de l'échantillon dans le linéaire : les 68 conseils départementaux qui ont répondu à l’enquête ont fourni des renseignements sur 67 % de leur réseau, soit 238 237 km, sur les 378 693 km que totalisent les 101 départements français.
Marge de progrès intercommunale
Malgré la faiblesse relative de ses 11 métropoles, soit 20 907 km de réseau routier sur un patrimoine de 704 201 km, la moisson intercommunale de l’ONR apporte un autre éclairage significatif : « Sans atteindre le niveau de celles de l’Etat, ces dépenses par km sont trois à quatre fois supérieures à celles des départements, selon les années », relèvent les auteurs de l’étude, soit 17 000 à 18 000 euros.
Le fossé s’explique aisément par « les coûts élevés en milieu urbain ». Mais l’Etat reste le champion, hors grands travaux, avec un investissement total de 474 696 832 euros en 2020 sur un patrimoine routier non concédé de 11 718 km. Ce ratio place l’effort de l’Etat au sextuple de celui des départements.
Consolidation en route
Opérateur de l’ONR depuis sa création en 2016 pour sensibiliser les propriétaires à une gestion patrimoniale des réseaux routiers, l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Iddrim) reconnaît une marge de progrès importante : « C’est notamment le cas pour les intercommunalités et les communes, dont les données restent difficiles d’accès pour l’enquête », souligne Yves Krattinger, président de l’Iddrim, dans la présentation de l’édition 2021.
Ce bémol n'empêche pas une analyse relativement optimiste: "Même si on est encore loin du rattrapage, les remontées des trois dernières années indiquent un début de prise de conscience des risques de dégradation du patrimoine", commente Didier Colin, directeur général de l'Iddrim. Cette évolution concerne les couches de roulement comme les ouvrages d'art.
Pour pallier le déficit d'informations issues du bloc local, "les prochaines éditions de l'étude ONR intègreront les données du programme national Ponts", annonce Didier Colin. Intégré à France Relance, ce programme dédié aux communes démarre sous la conduite du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement. A moyen terme, la consolidation du système de remontées d'information précèdera l'intégration de données plus qualitatives, notamment sur les modes doux et sur l'équipement de la route.