Les entrées de ville entrent en scène. Lors de la cinquième journée nationale Action Cœur de ville (ACV), une poignée de territoires se dévoilera, le 31 janvier au palais des Congrès de Paris, pour incarner la nouvelle priorité du programme, annoncée dès septembre 2021 par Emmanuel Macron, lors du précédent rassemblement des 234 territoires concernés. Deux points communs caractérisent ces pilotes des entrées de ville: une gouvernance locale soudée et déterminée ; une entrée dans le sujet par le commerce.
Modèle insoutenable
Coordinatrice d’ACV doté de 5 milliards d’euros entre 2023 et 2026, soit autant que dans la phase précédente qui s’était déroulée sur cinq ans, l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) se tient prête à compenser les déficits prévisibles des opérations. L’expérience accumulée depuis 2018 a confirmé le surcoût de la reconstruction de la ville sur elle-même, comparé à l’étalement urbain.
Directeur d’ACV, le préfet Rollon Mouchel-Blaisot identifie les entrées de ville comme « la nouvelle frontière de l’aménagement urbain ». Son diagnostic donne la mesure du défi : « Les zones commerciales périphériques relèvent d’un modèle obsolète, monofonctionnel, carboné, vecteur d’artificialisation des sols et de banalisation des paysages comme de l’architecture. Bref, un modèle insoutenable ».
Cousu main
Pour en sortir, la méthode de la première phase d’ACV reste à l’ordre du jour : le cousu main, à l’exclusion de tout copié collé. « Les territoires en boom démographique ne requièrent pas les mêmes solutions que ceux qui subissent des déprises. Il arrive que trois zones commerciales périphériques cernent des villes de 30 000 habitants. On peut alors imaginer de n’en garder qu’une, pour aménager des quartiers avec leurs mixité sociale et fonctionnelle, leurs équipements publics et leurs infrastructures de mobilité décarbonée. Mais on peut aussi imaginer des renaturations complètes », développe le directeur du programme.
Après le vote de la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables, le préfet ne cache pas le soulagement consécutif à l'approbation d'un amendement relatif aux ombrières imposées aux parkings de surface : « Nous avons veillé à ce que des projets de réaménagement puissent justifier des dérogations à cette obligation, pour éviter de figer l’affectation de ces emprises à la voiture individuelle », indique le préfet.
Au-delà des villes moyennes
L’exemplarité des territoires pilotes des entrées de ville ne s’adresse pas seulement aux 234 élus d’ACV. « Les petites villes et les métropoles souffrent des mêmes problèmes. Comme je l’ai souligné dans mon rapport d’étape au président de la République en juillet dernier, le programme ACV crée une opportunité pour lancer un mouvement qui concerne la plupart des agglomérations de notre pays », développe Rollon Mouchel-Blaisot.
Cette prise de relai se manifeste à travers l’arrivée de l’ANCT parmi les partenaires du concours national des entrées de ville. Sites et cités remarquables de France et la fédération Patrimoine environnement, copilotes de la compétition, réceptionnent jusqu’au 13 avril les candidatures des collectivités de toutes tailles, réparties en trois tranches démographiques. Aux côtés du ministère de la Culture, des Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement, des agences d’urbanisme, des parcs naturels régionaux et de l’office professionnel de qualification des urbanistes, l’agence du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires rejoint les partenaires habituels de cette compétition fondatrice de la résistance à la France moche.