Le serpent de mer a fini par sortir... de terre. L’échangeur autoroutier de Sévenans (Territoire de Belfort) a été inauguré mardi 14 janvier. Il est entièrement ouvert à la circulation depuis le 19 décembre, avec trois mois d’avance sur le planning initial établi à la mise en chantier il y a trois ans.
Situé à la jonction de l’A36 et de la RN19, il doit désengorger ce qui était devenu un périlleux goulet de près de 80 000 véhicules quotidiens sur l’autoroute et 27 000 sur la route nationale. Les automobilistes cherchent notamment à rejoindre ou quitter un pôle d’équipements de plus en plus dense : l’université, la gare TGV et son parc d’affaires émergent La Jonxion ainsi que le nouvel hôpital public de regroupement entre Belfort et Montbéliard.
La pierre d’achoppement, qu’était le financement des 120 millions d’euros de l’opération, a été retirée par le Plan de relance autoroutier de 2015.
Le projet a été le premier à appliquer le dispositif construit par le gouvernement et les concessionnaires. APRR (groupe Eiffage) a pris en charge l’intégralité du coût. Particularité de cette opération, la société d’autoroute en a assumé la maîtrise d’ouvrage complète, y compris celle des travaux situés dans les zones d’exploitation respectives de la direction interdépartementale des routes (DIR) Est et du conseil départemental du Territoire de Belfort, qui reprennent à présent l’exploitation des portions concernées. « La collaboration exemplaire a été un facteur de respect puis d’accélération des délais », souligne Philippe Nourry, P-DG d’APRR.
Trois phases, dix nouveaux ouvrages
La maîtrise d’œuvre, conduite par Setec, et les entreprises du groupement Vinci Construction Terrassement, Eurovia et Climent TP ont d’autant plus mérité les félicitations du maître d’ouvrage que l’opération s’avérait complexe : « Il y avait en fait quatre sujets en un », a résumé mardi Philippe Nourry.
Le terme « échangeur » désigne en effet, ici, la combinaison entre un nouveau barreau autoroutier d’un kilomètre, la construction d’un échangeur entre la RN19 et la RD437, la restructuration d’un diffuseur et la mise à 2x2 voies de la RN19 sur 4 km dont 850 mètres neufs. Outre la rénovation de cinq ouvrages d’art, il a requis la construction de dix autres, parmi lesquels deux métalliques posés au moyen de Kamag, ces remorques spéciales (pivotables) de levage, et un à tablier trapézoïdal.
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Mesures hydrauliques
Face à cette complexité, le découpage en phases, au nombre de trois, s’est imposé logiquement. « Il a permis à la fois de limiter la gêne des usagers et de leur faire bénéficier rapidement des premiers avantages de cette restructuration », observe Philippe Nourry.
Le chantier s’est par ailleurs déroulé dans une zone où l’eau est très présente et requiert une gestion précautionneuse. De nombreuses mesures de génie écologique, dont certaines se poursuivent, l’ont ainsi jalonné. Elles aboutissent par exemple au prolongement du lit de la rivière La Douce pour lui faire retrouver son profil naturel, à la renaturation de cours d’eau ou au maintien de leur continuité hydraulique.