Pour doubler la taille d’ID Verde d’ici à 2025, la feuille de route d’Olivier Brousse, successeur d’Hervé Lançon à la présidence du major du paysage depuis octobre 2021, comprend deux voies parallèles : « 50 % d’acquisitions et autant de croissance organique », résume Olivier Bret, directeur général chargé de la France, de la Suisse et des Pays-Bas. Loin devant son premier concurrent Pinson Paysage qui annonce 140 millions d’euros de chiffre d’affaires, ID Verde franchit cette année le seuil du milliard, avec plus de 8000 salariés.
Immense potentiel français
Tous deux issus de Veolia, le président et le directeur général établissent un parallèle entre l’eau et le paysage : « Ces marchés globaux exigent une présence hyperlocale, gérée par des centres de profit dispersés », décrypte Olivier Bret. La comparaison trouve ses limites dans les perspectives conjoncturelles : le paysage se distingue par la forte croissance impulsée par les villes en quête de nature, en particulier sur le créneau du génie écologique également convoité par les TP.
Le directeur général du groupe européen basé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) souligne l’immense potentiel hexagonal : « Avec 50 euros par habitant et par an, la France dépense deux fois moins que l’Allemagne et trois fois moins que la Suisse dans ses espaces verts publics ».
Le credo de l’innovation
L’optimisme des dirigeants repose sur l’accompagnement dans la durée promis en 2018 par Core Equity Holdings, basé en Belgique et détenteur de 85 % du capital devant les cadres, à l’issue d’une acquisition par effet levier (LBO). « Ce gestionnaire des fonds détenus par les universités américaines respecte la demande de ses mandants : financer les investissement du futur, en particulier sur les sujets environnementaux », assure Olivier Bret. En interne, cette nouvelle donne contribue selon lui à motiver les salariés du groupe qui, jusqu’en 2014, composait l’appendice vert du facility manager ISS.
Outre le financement de la croissance externe, l’actionnaire majoritaire encourage les efforts d’ID Verde dans l’innovation. Un cercle de réflexion associe le groupe de paysage à des start-ups pour exploiter les gisements identifiés dans l’eau, les drones, la radiographie du patrimoine végétal, le comptage d’espèces, les outils de maintenance… Sans oublier le Landscape Information Modeling (Lim), pendant vert du Bim, perçu comme outil de conception, de réalisation et de maintenance, mais aussi de dialogue avec les usagers.
Emulation européenne
La dynamique de croissance interne se nourrit aussi des échanges internationaux que permet la taille européenne du groupe, dans un univers marqué par des cultures professionnelles des espaces verts très hétérogènes. Le milliard d’euros de chiffre d’affaires se répartit entre la France (400 millions), le Royaume-Uni (360), le Danemark (100), les Pays-Bas (92), l’Allemagne (25) et la Suisse (22).
« Dans les mécanismes de compensation carbone et sans doute bientôt de compensation biodiversité, l’Ecosse offre un exemple très prometteur », note Olivier Bret. Avec ses marchés d’entretien conclus pour des périodes de 10 à 20 ans, la tradition britannique contraste avec les pratiques françaises, même si le groupe mesure les lourdeurs d’un modèle dans lequel les jardiniers s’attachent plus à un site qu’à une entreprise.
Visions globales
La Suisse renouvelle les réflexions sur les contrats globaux intégrant conception, réalisation et maintenance. ID Verde y est entré par le canton de Genève à la fin 2021, avec l’acquisition de l’entreprise familiale Boccard, vieille de 160 ans. Sa capacité d’anticipation a facilité le dénouement heureux de trois ans de dialogue compétitif avec l’aménageur privé du parc résidentiel des Crêts, une commande de 15 millions de francs suisses.
Aux Pays-Bas, l’appréhension globale du marché remonte jusqu’à l’assistance à maîtrise d’ouvrage, comme le suggère le nom de la filiale Advies (Conseils). Ce pays se distingue aussi par son expertise dans la conduite des arbres, comme en témoigne une autre filiale nommée Bomen Bienst (soin aux arbres). ID Verde anticipe une forte croissance de la demande des collectivités françaises dans cette spécialité.
Ambition multinationale
Derrière ces différences de culture professionnelle, le groupe identifie un point commun : « L’atomisation continue à caractériser les marchés nationaux, à l’instar de la France avec ses 30 000 entreprises de paysage. Même les structures de taille régionale restent rares », relève Olivier Bret. La stratégie d’ID Verde découle de ce constat : dans tous les pays où il s’implante, le groupe entend acquérir la taille d’un opérateur national du paysage.