Aride nœud routier barcelonais, la place des Gloires catalanes est promise à devenir un vaste espace vert public. Le 7 février dernier, les paysagistes français de l'agence TER et leur consœur barcelonaise Ana Coello de Llobet ont remporté le concours organisé par la capitale de la Catalogne, en Espagne, pour métamorphoser ce qui n’a longtemps été qu’un grand rond-point. Situé au croisement des grands axes tracés au XIXe siècle par Ildefons Cerdà (les avenues Diagonale et Méridienne et la Gran Via de les Corts Catalanes), ce carrefour était censé former le cœur de la nouvelle Barcelone, cette extension moderne, aux îlots uniformément quadrangulaires, réalisée par l’urbaniste au nord-est de la cité ancienne. Pendant longtemps, le site n’a pourtant fait que marquer la limite sud du fameux plan Cerdà et la place est alors devenue un échangeur affublé d’un viaduc circulaire. Mais cet ouvrage est aujourd’hui en cours de démolition et l’an prochain devrait démarrer le chantier de réalisation du parc proposé par TER et Ana Coello de Llobet.
Un « parc-place »
« Depuis les années 1990, il y a eu un réinvestissement de cette partie de la ville, rappelle le paysagiste Olivier Philippe, cofondateur de l’agence TER. L’avenue Diagonale a été prolongée jusqu’au bord de mer et des nouveaux équipements ont été construits, tel l’auditorium de Rafael Moneo ». En 2005, l’architecte Jean Nouvel dressait la tour Agbar à l’orée est de la place. Il restait à régler le cas du carrefour. D’ici à 2018, il est donc prévu de faire des Gloires Catalanes un « parc-place », croisement d’un espace public piétonnier ouvert en permanence et d’un jardin vaste de quelque 15 hectares. « La municipalité s’interrogeait aussi sur la place de la nature dans la ville, poursuit Olivier Philippe. Barcelone est en effet dense et très minérale ». Tant et si bien que la proposition de l’équipe lauréate, qui l’a emporté sur leurs neuf concurrents espagnols (Pour voir la vidéo du projet lauréat ainsi que les autres projets en lice, cliquer ici), a des allures d’oasis.

Baptisé « Canòpia urbana » (Canopée urbaine), ce parc d’échelle métropolitaine sera abondamment arboré. L’espace aura été au préalable libéré de la circulation automobile (une partie du trafic doit à terme passer en souterrain) et ce sol désormais continu sera parfaitement accessible et confortable. Le projet prévoit de varier les densités de plantations, alternant des îlots – baptisés « nodes » - de végétation foisonnante avec des espaces plus découverts, dont une grande clairière. La disposition de ces « nodes » devrait en outre permettre d’orienter les vents. Ajouté à l’ombre procurée par la couverture végétale, ce dispositif devrait influer sur le climat de la place.

Enfin, le projet propose la construction d’une passerelle qui permettra de créer une boucle de promenade en hauteur. Ce « Skywalker » mènera les visiteurs au-dessus de la canopée. Ils bénéficieront alors d’une vue sur la ville, la montagne et la mer. A ce parc, dont le coût de réalisation est estimé (hors tunnel) à 30 M€ TTC, viendra s’ajouter un programme construit d’environ 70 000 m². Une valorisation foncière qui devrait participer au financement des travaux de la place.
