« L’activité d’Artelia est en croissance de 8% », Benoît Clocheret [exclusif]

Le directeur général d’Artelia, dévoile au Moniteur les résultats d’activité de la première société française indépendante d’ingénierie. Le chiffre d’affaires, en progression continue depuis cinq ans, bondit de 8% sur la seule croissance organique. Sa structure financière consolidée  permet à l’ingénieriste d’entrer dans une nouvelle phase de développement, marquée par l’essor des projets « clés en main » et une stratégie internationale réorientée vers l’Asie et l’Afrique. 

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Benoît Clocheret, directeur général d'Artelia. La société française indépendante d’ingénierie emploie à date 4000 collaborateurs en France et à travers le monde.

Quel premier bilan tirez-vous de l’exercice 2016 ?

L’année 2016 est marquée par la poursuite de la croissance solide d’Artelia. Nous enregistrons une hausse de 8% de notre chiffre d’affaires sur l’année 2016, ce qui le porte à 439 millions d’euros (M€). Il s’agit de croissance purement organique, au contraire de 2015, où la croissance du chiffre d’affaires de 11% reposait en partie sur les rachats de Sher (spécialiste de l'eau, NDLR), société belge basée au Rwanda,  d'Intertecno (un leader de l'ingénierie du bâtiment) en Italie, et de RFR (expert des structures et enveloppes complexes) en France. Une croissance qui s’accompagne également d’un renforcement du carnet de commandes, qui s’élève à 19 mois d’activité.

Artelia se diversifie. Quelles sont les activités qui portent cette croissance ?

 Notre croissance est notamment nourrie par la montée en puissance des projets « clés en main », où Artelia  pilote et réalise l’intégralité des projets, depuis les études jusqu’à la livraison. Cette activité enregistre un chiffre d’affaires en augmentation de 60%, à 50 M€. Elle représente désormais 11% de notre chiffre d’affaires, avec l’ambition qu’elle continue de progresser. Elle devrait représenter, à horizon 2020, 20% de notre chiffre d’affaires global. Cette progression ne doit pas occulter la très bonne tenue des activités traditionnelles d’ingénierie de l’eau, des transports et du bâtiment, avec un marché de l’immobilier français de nouveau très actif.

« L’ingénierie, à nos yeux, ne se contente pas de conseiller, concevoir ou superviser la réalisation des projets »

Pourquoi misez-vous sur ces projets « clés en mains » ?

Il s’agit d’accroître l’engagement d’Artelia auprès de ses clients, d’envoyer le signal que l’ingénierie, à nos yeux, ne se contente pas de conseiller, concevoir ou superviser la réalisation des projets. C’est un objectif ambitieux car mener l’ensemble d’un projet, a fortiori de taille significative, comporte nécessairement des risques nouveaux liés à l’acte de construire. L’activité d’ensemblier nécessite aussi un bilan et, plus généralement, une structure financière solide. Sur ce point, en 2016, nous avons considérablement diminué notre endettement et dégageons désormais une trésorerie nette positive. Ce bilan est un préalable nécessaire pour nous engager sur des projets qui peuvent atteindre 20 millions d’euros.

D’autre part, le développement du « clés en main » suppose une montée en compétence de l’ensemble de nos équipes. C’est ce que nous faisons chaque jour en investissant aussi dans la formation, notamment le BIM, sur lequel nous sommes à l’avant-garde. Et ce y compris dans le domaine des infrastructures, où nous constatons une adoption désormais rapide de la maquette numérique par nos maîtres d’ouvrage.

«  L’activité d’ensemblier reste un complément stratégique »

Quelles réalisations avez-vous déjà effectuées « clés en main » ?

Nous disposons désormais de références à la fois diverses et significatives. Je pense à une école réalisée en PPP et livrée en 2016 à Mennecy, dans l’Essonne ; à un Ehpad livré l’an passé, également, à Chamonix, ou un parc éolien que nous livrons par tranches en Franche-Comté. 

Nous visons également à nous développer vers l’industrie, les clients industriels étant naturellement très tournés vers ce mode de contractualisation. Nous réalisons actuellement la soufflerie aéroacoustique sur le campus toulousain de l’ISAE SupAéro par exemple. Et nous sommes attributaires d’autres marchés que je ne peux pas encore citer.  Ceci étant, nous restons toujours concentrés également sur nos missions traditionnelles d’études et de maître d’œuvre. L’activité d’ensemblier restant un complément stratégique.  

« Dans les transports, nous réalisons actuellement des études pour le futur téléphérique urbain de Saint-Denis de La Réunion »

Historiquement, votre activité se répartit aux deux tiers en France et un tiers à l’international. Ce ratio évolue-t-il ?

Je dirais plutôt que, si les lignes bougent, nous restons sur nos grands équilibres. Nous réalisons toujours en France les deux tiers de notre chiffre d’affaires, mais certaines activités montent en puissance, à l’image du « clés en main » que je viens d’évoquer, mais aussi du transport, des ouvrages d’art ou de l’industrie. D’autre part, nos points forts traditionnels sont confortés dans l’Hexagone où le marché reste solide. Nous restons la première ingénierie du bâtiment et affirmons toujours plus notre capacité à être positionnés sur les projets majeurs en termes de taille et de complexité. Je pense aux Tours Duo dans le XIIIe arrondissement de Paris, dont les travaux ont été lancés il y a quelques jours, ou à des contrats de performance énergétique, par exemple avec le groupe Engie, dans lesquelles nous indexons notre rémunération sur la performance énergétique mesurée.

Artelia poursuit aussi ses prestations d’assistant à maître d’ouvrage et de maître d’œuvre dans le cadre du Grand Paris, mais aussi au travers de prestations complémentaires liées à la gestion du BIM.  Dans les transports, nous pouvons aussi noter par exemple la réalisation en cours des études pour le futur téléphérique urbain de Saint-Denis de La Réunion. L’industrie enfin est un domaine sur lequel nous comptons accélérer.

« La Côte d’Ivoire a vocation, à terme, à devenir un véritable hub de notre entreprise en Afrique »

Quid de l’international ?

L’international représente un tiers de notre chiffre d’affaires avec toujours une prédominance de l’Europe, qui représente 44% de l’activité hors de nos frontières. En Italie notamment, Artelia est devenu l’acteur de référence dans l’ingénierie du bâtiment. Je citerais deux autres faits marquants. D’abord, la création d’une filiale en Côte d’Ivoire l’an passé, avec un premier contrat portant sur les infrastructures de l’eau. D’autres concernant le bâtiment ont suivi. La Côte d’Ivoire a vocation, à terme, à devenir un véritable hub de notre entreprise en Afrique.

Ensuite, nous avons réalisé une véritable percée en Asie, où notre réseau se développe autour de notre hub au Viêtnam, pays où nous comptons déjà 500 collaborateurs. Nous venons de créer deux filiales, l’une en Thaïlande, l’autre aux Philippines. Nous accompagnons notamment dans ces pays notre client Shell, qui déploie des stations-services avec de gros enjeux en termes de bâtiment, d’infrastructures et d’études environnementales.  Au Moyen-Orient, nous sommes davantage en phase de résistance : la chute des prix du pétrole pèse sur les grands projets. Nous profitons néanmoins de projets lancés dans la perspective de l’Expo Dubaï 2020. 

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