« Même si, par malheur, nous n'étions pas retenus, le 5 septembre prochain, pour l'organisation des jeux Olympiques d'été de 2004, la plus grande partie de nos projets non sportifs verraient le jour », déclare au « Moniteur » Francesco Rutelli, le maire (écologiste) de Rome, la ville qui semble actuellement la mieux placée pour les jeux de la 28e Olympiade. « La ville a besoin d'évoluer. Elle mènera à bien tous les projets programmés, sauf bien sûr la construction d'un stade olympique... si nous ne sortons pas vainqueur du sprint final », remarque pour sa part Mats Hulth, le premier magistrat de Stockholm, ville qui présente le meilleur dossier sur le papier. Il en va de même des trois autres métropoles en lice qui, contrairement à Lille (voir p. 125), Istanbul, Rio de Janeiro, Saint-Petersbourg, San Juan (Porto Rico) et Séville, ont su séduire, le 7 mars à Lausanne, siège du Comité international olympique, le collège de sélection (14 membres). Voici les principaux projets non sportifs des cinq finalistes.
Athènes
C'est la ville qui a programmé le plus de grands projets :
- extension du métro : à la seule ligne existante (27 km, 23 stations, 330 000 passagers transportés par jour) vont s'ajouter deux lignes et 21 stations, capables de transporter 450 000 passagers/jour. Coût : 2,6 milliards de dollars* (50 % pris en charge par l'Europe) ;
- construction d'un nouvel aéroport international (capacité : 16 millions de passagers/an dans un premier temps, 53 millions une fois toutes les tranches réalisées) ;
- construction d'une autoroute de 53,5 km (Elefsina-Stavros-Spata) et d'une rocade de 12,5 km (Hymettus) ;
- modernisation des infrastructures du pays en matière de télécommunications (6 milliards de dollars d'investissements !) ;
- modernisation des hôtels 4 et 5 étoiles (200 millions de dollars d'aides publiques).
Buenos Aires
Déjà candidate à cinq reprises, la capitale argentine ne lésine pas sur les moyens.« Patron » de cette nouvelle candidature olympique, le colonel Antonio Rodriguez insiste « sur les volets urbains du dossier présenté à Lausanne ». Volets qui devraient représenter un investissement global d'au moins 8 milliards de dollars. En particulier pour :
- une réappropriation du front de mer par la ville, une réactivation de l'espace portuaire et la création de nouveaux espaces de verdure ;
- sur l'ancien espace portuaire (170 ha au total), Puerto Madero, c'est un quartier qui va voir le jour, avec la construction de plus de 1,5 million de m2 de bureaux, de logements, de commerces...;
- plus de 4 milliards de dollars (22,4 milliards de francs) devraient être consacrés à la modernisation et à l'agrandissement de l'aéroport international Pistarini et du réseau ferroviaire et routier (construction notamment d'une autoroute à l'ouest de la capitale) ;
- la capacité hôtelière de la ville va augmenter considérablement : pas moins de 14 établissements sont en cours de construction.
Le Cap
« Nous allons investir environ 1,75 milliard de dollars dans de nouvelles infrastructures », déclare Kurt Hipper, le trésorier de la candidature du Cap. Une ville de près de 3 millions d'habitants qui, quoi qu'il arrive début septembre, va pouvoir disposer d'ici à quelques années de :
- un aéroport international agrandi et modernisé ;
- un réseau ferré, urbain et interurbain, rénové ;
- un parc hôtelier étoffé ;
- de nouvelles installations pour le traitement des eaux usées et des déchets ménagers et industriels.
Rome
Bien que favorite, pour des raisons qui dépassent le cadre sportif, Rome est loin de présenter le meilleur dossier. Pour preuve, l'éclatement des sites olympiques dans les banlieues nord, sud et est. Plus de 15 000 lits doivent voir le jour à l'est, à Tor Vergata, où se trouve le second campus romain (la cité compte 230 000 étudiants). « Le village olympique sera installé à Tor Vergata. Après les Jeux, il permettra de résoudre en partie le problème du logement étudiant », déclare le maire, Francesco Rutelli. Les autres équipements devant voir le jour concernent essentiellement :
- l'aéroport international Leonardo Da Vinci de Fiumicino : sa capacité annuelle va être portée à 30 millions de passagers/an ;
- le métro : création d'une nouvelle ligne (40 000 passagers/heure) ;
- le réseau ferré urbain va passer de 150 à 300 km d'ici à l'an 2000, afin d'être opérationnel pour le jubilé de la Ville éternelle.
Cinq milliards de dollars vont être investis dans ces opérations.
Stockholm
La capitale suédoise, déjà bien équipée, ne compte pas investir des milliards de dollars pour séduire le CIO enseptembre Parmi ses principaux projets, figurent nénamoins :
- la construction d'un nouveau quartier à Hammarby Sjöstad, une zone portuaireà l'état de friche industrielle : 6 500 à 7 000 logements écologiques vont y être construits (ce sera le village olympique, au cas où ...), avec des services sociaux, des écoles, des commerces, etc. ;
- la mise en circulation d'un train rapide entre le centre de la ville et Arlanda, l'aéroport international (19 minutes de trajet, contre 35 à l'heure actuelle pour 43 km) ;
- la mise en place d'un train rapide le long du lac Mälaren, rapprochant des villes comme Eskilstuna et Västeras de Stockholm ;
- l'achèvement de plusieurs portions du périphérique ;
- la réalisation d'au moins 8 600 chambres d'hôtels.
(*) 1 dollar = 5,75 francs.
PHOTO : Stockholm : le meilleur dossier... sur le papier.