"Je ne me serais sûrement pas permis de traiter les architectes d'incompétents en thermique"

François Amblard, Président de la Chambre de l'Ingénierie et du Conseil de France (CICF), s'explique sur les compétences des diagnostiqueurs, architectes et bureaux d'études. Ces propos font suite à une réaction de Jacques Allier, ancien Président du Conseil Régional de l'Ordre des Architectes de Franche-Comté et à des propos recueillis par LeMoniteur.fr.

Image d'illustration de l'article
DPE

Je découvre le procès d'intention que me porte Monsieur Allier, et qui fait référence à des propos soi disant recueillis par Monsieur Leysens et dont je n'ai pas souvenir dans un tel raccourci. Cela mérite évidemment une réaction de ma part.

J'aurais pu effectivement dénoncer le professionnalisme des diagnostiqueurs signataires de DPE, mais je ne l'aurais pas fait dans un amalgame, forcément malheureux, car généralisateur. Certes, il y a des diagnostiqueurs dont la compétence en thermique et en bâtiment ressemble aux qualités de management et au sens de l'équité de certains architectes. Mais il ne faut pas généraliser car certains sont bons, des vrais bons comme on dit dans la côte Chalonnaise. Je ne me serais sûrement pas permis de traiter les architectes d'incompétents en thermique et ceci pour la simple raison que bon nombre sont tellement compétents, qu'ils acceptent de co-concevoir leurs ouvrages en bonne intelligence avec les thermiciens, les ingénieurs-conseils et autres bureaux d'études (adhérant bien souvent à la CICF).

Il est vrai que parfois une approche théorique sur certains projets n'est pas possible compte tenu des logiciels utilisés et ce n'est pas de l'incompétence. Les moteurs de calcul (issus du CSTB) ne permettent pas toujours la prise en compte des spécificités de tel ou tel projet et ceci pour la raison simple qu'il s'agit de calculs réglementaires et non de calculs de dimensionnement. Cette nuance met d'ailleurs en évidence deux choses : - Le calcul réglementaire ne doit pas être confondu avec l'étude des installations et systèmes, qui reste la véritable conception - Le calcul réglementaire est un travail supplémentaire de plus en plus lourd qui vient s'ajouter aux tâches du thermicien pour lequel il faut d'ailleurs le rémunérer.

Ces calculs réglementaires ont une influence sur la conception globale de l'ouvrage qui va bien au-delà des seules installations techniques et conditionnent des lots dont la maîtrise est assurée par l'architecte, l'économiste et le bureau d'étude structure, voire d'autres intervenants de l'équipe de maîtrise d'œuvre. Tel que cela est porté par la CICF, nous encourageons les maîtres d'ouvrage et les architectes de s'entourer d'une ingénierie forte et compétente, disposant de tous les outils et logiciels de simulation souhaitables. Il ne faut pas omettre que pour avoir beaucoup il faut aussi savoir donner à la hauteur de ses propres exigences. Faire un calcul de simulation dynamique en phase APS est toujours possible, mais cela a un coût.

Il n'échappe à personne que le combat que mène la CICF au travers de son Tour de France sur la vérité des coûts de prestations intellectuelles va bien dans ce sens, même si cela dérange certains. Dans ce contexte, il est bien compréhensible que ces mêmes personnes, déstabilisées dans leurs certitudes cherchent par tout moyen à justifier une position injustifiable. Là aussi, il faut s'en remettre à l'évidence, l'intelligence c'est comme la compétence des diagnostiqueurs, ce n'est pas systématique.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !