C’est du jamais vu dans l’histoire des collectivités locales ! En 2014, l’épargne brute de l’ensemble des collectivités locales - différence entre leurs recettes et leurs dépenses de fonctionnement, qui représente globalement leur capacité d’auto-financement – devrait être en baisse (-6%) pour la troisième année consécutive. C’est ce qui ressort de la dernière note de conjoncture sur les finances locales du pôle collectivités locales de la Banque Postale, exposée par ses dirigeants le 16 avril au cours d’une conférence de presse.
Cette chute, liée à une progression des dépenses de fonctionnement plus rapide que celle des recettes courantes – les recettes fiscales devraient peu évoluer tandis que les dotations de l’Etat aux collectivités devraient baisser de 6% cette année - impacte directement les budgets d’investissement. Ceux-ci sont en effet financés pour plus des deux tiers (68,2 % prévus pour 2014) par cette épargne brute, et l’évolution des autres sources de financements – les recettes d’investissement d’une part, le recours à l’endettement d’autre part– ne change pas la donne (voir graphique ci-dessous)

Si bien que la Banque Postale prévoit une baisse de 5,6 % des dépenses d’investissement pour 2014, à 52,4 milliards d’euros (les investissements se sont établis à 55,5 milliards d’euros pour 2013). Dans le détail, « c’est principalement du côté du bloc communal que la baisse devrait être la plus importante (-6%), suivi des départements (-5%), analyse Thomas Rougier, directeur des études pour La Banque Postale Collectivités Locales. Les régions elles, devraient stabiliser leurs dépenses».
Si ces tendances sont à moduler en fonction des territoires, elles ne font évidemment pas l’affaire des entreprises de construction, dont l’activité dépend fortement des budgets d’investissement.
Alors que le gouvernement prévoit de réduire de 10 milliards d’euros les dotations de l’Etat aux collectivités d’ici 2017 - soit une baisse moyenne annuelle sur trois ans de 7,4 % - la situation ne devrait pas s’améliorer à moyen terme, bien au contraire !
La Banque Postale a simulé l’effet d’une telle baisse sur l’investissement local (voir graphique ci-dessous). « Nous avons réalisé des projections théoriques selon plusieurs scénarios », explique Thomas Rougier. Le scénario de « base » est établi à partir d’hypothèses raisonnables sur les recettes courantes hors dotations (+3% par an), les dépenses de fonctionnement (+2% par an), la part des recettes d’investissement (20% de la dépense) et l’encours de dette (+1,9% par an). Avec ce scénario de base, la Banque Postale a calculé que le budget d’investissement des collectivités locales tomberait alors à 41,2 milliards d’euros en 2017, soit une baisse de plus de 20% par rapport à 2014 !

Deux autres scénarios ont été simulés. Le premier scénario prend l’hypothèse que les collectivités arriveront à contenir la hausse de leurs dépenses de fonctionnement à 1% par an (soit -1% par rapport au scénario de base), toutes choses étant égales par ailleurs. Dans ce scénario « optimiste », la baisse de l’investissement se limiterait alors à 48,1 milliard à l’horizon 2017 (-9% par rapport à 2014). Le second scénario, « pessimiste », prévoit cette fois que les recettes courantes n’augmenteront que de 2%. Le budget d’investissement théorique annuel tomberait alors à 34,7 milliards d’euro en 2017, soit -34% par rapport à 2014… Des perspectives qui ont de quoi inquiéter.