En 2015, les régions sont les seules collectivités à avoir augmenté leurs dépenses d'investissement (9,9 milliards d'euros, soit +4,7%), selon une synthèse du rapport de l'Observatoire des finances locales présentée à la presse ce 12 juillet (1). L'investissement global de toutes les collectivités prises dans leur ensemble a toutefois dégringolé de moins 6,6% l'année passée (50,6 milliards d'euros).
Si l'on s'en tient aux seules dépenses d'équipement (dépenses globales d'investissement diminuées du remboursement d'emprunt, de subventions et autres dépenses, soit l'investissement réel des collectivités), les chiffres sont encore plus vertigineux : moins 11% de ces dépenses toutes collectivités confondues. Le bloc communal (communes et intercommunalités) serait le plus impacté avec des dépenses d'équipement en chute de 14%. Les départements seraient à moins 4,2%. Là aussi, seules les régions maintiennent des dépenses d'équipement en croissance : +6,4%.
Les régions ont plus emprunté
L'épargne nette des collectivités a elle aussi diminué de 4,1%. « Sur la période 2011–2015, la baisse est de 31% », a fait remarquer André Laignel, président de l'Observatoire des finances locales et président du Comité des finances locales. La dette a évolué de façon mesurée, sauf pour les régions qui ont beaucoup plus emprunté que les autres strates de collectivités. Le fonds de roulement s'est accru de 2,47 milliards d'euros (en partie via les dépôts au Trésor). Explication d'André Laignel : « Il y a eu une volonté de reconstituer les fonds de roulement qui avaient auparavant diminué de 6,46 milliards en deux ans ».
Quant aux dépenses totales, elles ont légèrement augmenté de 0,2 % (toujours en raison des dépenses de fonctionnement), a explicité André Laignel : les dépenses totales des communes et intercommunalités auraient ralenti (moins 1,1% pour les premières et moins 0,4% pour les secondes), tandis que les dépenses des départements et régions seraient en hausse à respectivement +0,6% et +4,1%. Les impôts et taxes ont généré des ressources importantes.
Année 2015 « contrastée et en trompe-l'œil »
Mais l'année 2015 peut être qualifiée de « contrastée et en trompe-l'œil », selon André Laignel, en raison de la grande diversité de situations entre niveaux de collectivités et entre collectivités d'un même niveau. Pour les impôts et taxes, « il n'y a aucune homogénéité sur le territoire ». Conclusion générale du président de l'Observatoire des finances locales : « La belle maîtrise des dépenses en 2015 est due à la baisse de l'épargne nette, à la baisse de l'investissement, sauf pour les régions. Les élus locaux ont une grande capacité d'adaptation, sans doute aidés par la règles d'or » [les collectivités ont l'obligation de voter des budgets équilibrés, ndlr].
Pour 2016, la note de synthèse sur le rapport de l'Observatoire des finances locales table lui-aussi sur « une probable reprise de l'investissement », en particulier dans le bloc communal qui aura passé son cycle électoral et dans les régions. Les départements devraient eux continuer à réduire leurs dépenses d'investissement.