Une véritable salve d’inaugurations ! Rien qu’entre mai et juin, pas moins de sept musées d’envergure internationale ont ouvert leurs portes en France et en Europe. Et pas des moindres : que l’on songe au musée Hergé de Louvain (Belgique) de l’architecte Christian de Portzamparc, à la Pointe de la Douane de Venise (Italie) signé du Japonais Tadao Ando ou encore au musée de l’Acropole d’Athènes (Grèce) imaginé par Bernard Tschumi… Qui s’en plaindrait ?
Ecrins du patrimoine, lieux de rencontre, de contemplation ou de mémoire, la nouvelle génération de musées concilie de curieux paradoxes. En premier lieu, il s’agit de mettre en valeur et de protéger les collections. Et donc de faire découvrir au plus grand nombre un patrimoine fragile en mettant sous les feux des projecteurs des étoffes ou des dessins qui n’aspirent qu’à l’ombre…
Architecture manifeste
En second lieu, le musée a vocation à rayonner au plan national, voire mondial, par une « architecture manifeste » destinée à magnifier son contenu autant qu’à s’effacer devant les œuvres. Le musée mausolée a vécu, le « mouroir des arts vivants » (Paul Valéry) qu’il était, n’a cessé, depuis la naissance du centre Georges-Pompidou (Paris, 1977), d’élargir son offre en associant aux collections d’autres programmes : bibliothèque, spectacle vivant, audiovisuel, librairie, restaurant, jardin, etc. Un glissement progressif de la culture vers l’industrie du tourisme et du divertissement, particulièrement prisé, pour ses retombées économiques, par des régions qui célèbrent ainsi un passé oublié (musée international de la Parfumerie de Grasse de Frédéric Jung), une activité disparue (Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais d’Alain Moatti et Henri Rivière), voire une histoire enfouie (Carré Plantagenêt du Mans, de Bernard Althabegoïty).
Principe de réalité
La programmation, de son côté, ne se résume plus à une réflexion organisationnelle sur le bâtiment. Elle s’étend désormais à bien d’autres aspects : coûts de fonctionnement, préconisations de conservation, externalisation de services (sécurité, maintenance, etc.). Sans oublier les exigences environnementales. Imaginerait-on que le développement durable s’arrête au seuil des musées ? Au contraire ! La présentation des œuvres tire désormais parti d’un éclairage naturel maîtrisé. Leur conservation, liée aux ambiances hygrothermiques, s’efforce de limiter le recours à la climatisation. Bref, les musées n’échappent plus au principe de réalité.
Une « invitation au voyage », c’est ce que ce feuilleton vous propose, au travers d’une collection de bâtiments destinée à illustrer cette belle évidence : un musée réussi célèbre avant tout les noces fécondes entre un projet culturel et un projet architectural.