Trente-cinq sites sont « prêts à l'emploi » en France pour accueillir des data centers pour l'intelligence artificielle, une technologie très consommatrice de données, a annoncé jeudi 6 février la ministre chargée de l'IA, Clara Chappaz, à l'issue d'un comité interministériel présidé par François Bayrou.
Ces sites occuperont quelque 1200 hectares au total, et leur localisation sera dévoilée lors du sommet mondial sur l'IA organisé à Paris la semaine prochaine, au cours duquel, le président de la République évoquera quelques-uns « des grands projets d'infrastructure ».
« Pour faire de l'intelligence artificielle, il faut avoir accès à des infrastructures de calcul » et « on a listé 35 sites prêts à l'emploi pour installer des capacités de calcul », a expliqué Mme Chappaz. De surfaces allant de 18 à 150 hectares, ils pourront être raccordés au réseau électrique pour une capacité « élevée » à compter de 2027.
La France, qui compte environ 250 data centers, contre 2000 aux Etats-Unis, a investi 2,5 milliards d'euros depuis 2018 dans une stratégie nationale pour l'IA qu'elle entend « aujourd'hui accélérer », a souligné Mme Chappaz. L'objectif est d'émerger, face aux Etats-Unis et à la Chine, comme une grande puissance de l'IA générative et sonner un « réveil européen » avec ce sommet qui doit réunir à Paris une myriade d'acteurs du secteur.
Le gouvernement a ainsi investi 360 millions d'euros sur cinq ans - via le plan France 2030 - dans des "clusters IA" pour accompagner les talents français, en recherche et formation, dans neuf pôles d'excellence spécialisés. L’objectif est d’avoir 100 000 personnes formées sur l'IA d'ici 2030. Il va aussi reconduire en 2025 un investissement de 400 millions d'euros dans l'écosytème IA, qui sera complété lors du sommet par des annonces d'investissements de fonds européens et de grands groupes. Plus de 1000 start-ups françaises travaillent actuellement dans l'IA.
L'Intelligence artificielle pour la fonction publique
François Bayrou a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour le premier trimestre 2025 afin « d'identifier les solutions IA pour le secteur public », avec un « dispositif de référencement » des entreprises. Les 5,7 millions d'agents publics bénéficieront ainsi d'un logiciel conversationnel similaire à ChatGPT, a annoncé le ministère de la Fonction publique. Face à l'inquiétude suscitée par cette technologie, Clara Chappaz a expliqué que l'IA était « un outil qui permet de gagner du temps, de réaliser un certain nombre de tâches complexes » mais aussi « de réinvestir ce temps dans les services, dans l'humain ». L'IA permet de « gagner des points de productivité » voire de « contribuer au redressement budgétaire », fait-on aussi valoir à Matignon. Le gouvernement restera néanmoins « très vigilant » en matière de souveraineté numérique, précise-t-on de même source, alors que l'Australie a décidé d'interdire l'utilisation des programmes d'IA de la start-up chinoise DeepSeek sur les appareils gouvernementaux face à un risque sécuritaire jugé « inacceptable ». Cette « transformation publique » avec l'IA doit pouvoir « porter notre écosystème », a souligné Mme Chappaz.