Enquête

Innovation : des qualités dopées par l'intégration de CO2

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Neustark a déjà mis en route plusieurs installations de stockage de C0 pour recyclage de béton de démolition en Europe (ici, à Kirchheim unter Teck, en Allemagne).

Voici un béton recyclé qui s'apprête à s'enrichir en carbone… pour son plus grand bonheur. Sur le site de préfabrication du groupe Fehr à Bischwiller (Bas-Rhin), le process d'une installation mélangeant du CO2 à du béton de démolition va démarrer en cette mi-juillet. Il doit confirmer les promesses des premiers essais : le granulat qui en ressort « présente une qualité autorisant son intégration dans notre centrale pour la production de béton prêt à l'emploi, selon les analyses comparatives au matériau neuf effectuées par notre laboratoire sur place », décrit Laurent Fehr, directeur du développement du groupe familial.

La performance est rendue possible par le procédé mis au point par le partenaire du projet, la société technologique suisse Neustark. Le CO2 dit « biogénique », car capté en sortie d'une unité de biogaz, est liquéfié - par compression à 18 bars et refroidissement à - 20 °C - sur ce site proche de l'usine Fehr, qu'il rejoint par camion. Là, sa réaction avec le ciment le transforme en calcaire (carbonate de calcium) qui se lie à la surface des granulats, rendant celle-ci plus lisse. Comme l'explique Elmar Vatter, responsable de projet chez Neustark, « cette nouvelle matière se fixe dans les pores et réduit ainsi la porosité du béton », ce qui en améliore la qualité. En outre, les granulats enrichis en CO2 présentent une résistance accrue à la compression.

Réutilisation en fondations

Ces propriétés motivent leur incorporation au béton neuf et permettent de diminuer le recours aux ressources naturelles. « La performance est suffisante pour des usages simples, en fondations voire en gros œuvre.

En revanche, les granulats ne peuvent pas entrer dans la composition de bétons spéciaux, pour le génie civil ou les ouvrages d'art, mais c'est un début », commente Laurent Fehr.

En rythme de croisière, le préfabricant vise un tel recyclage pour 50 000 t par an. Fehr et Neustark - déjà signataire d'une vingtaine de réalisations en Europe - sont convaincus de la « capacité à dupliquer » en France le prototype alsacien, à une échelle équivalente. Le Suisse met une autre installation en route cet été, cette fois-ci avec Lafarge, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

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