En mars dernier, Yves Metz, président d'Ingérop, signait l'accord pour l'acquisition du petit bureau d'ingénierie bavarois Hyna + Weiß, spécialisé dans le génie civil et les infrastructures routières. Il bouclait ainsi sa quatrième opération de croissance externe en Allemagne en trois ans, à travers la filiale Ingérop Deutschland. Un tropisme que le dirigeant associe à l'histoire du groupe d'ingénierie ainsi qu'au potentiel du marché de ce pays.
« Il fait partie de nos priorités depuis le début des années 2010, rappelle-t-il. Outre-Rhin, les besoins en matière de réparation ou d'élargissement d'ouvrages d'art et de routes, ainsi que d'infrastructures ferroviaires, sont immenses. Cela fait des années que nous les avions identifiés. A l'instar de Vinci et Eiffage qui ont elles-mêmes acheté des sociétés en Allemagne [dans le secteur routier pour le premier, dans les secteurs des routes et du rail pour le second, NDLR], Ingérop devait procéder à des acquisitions pour s'imposer sur ces marchés, afin que ces majors françaises nous perçoivent comme un de leurs partenaires naturels là-bas. »
Pour le secteur routier, Ingérop a donc misé sur Hyna + Weiß, mais sa taille modeste (16 collaborateurs) et son périmètre d'action limité à la Bavière amèneront sans doute le groupe à compléter ultérieurement ses compétences routières dans le nord et dans l'ouest de l'Allemagne. « Ensuite, il nous faudra nous imposer sur la partie ferroviaire grâce au référencement auprès de la Deutsche Bahn [l'équivalent de la SNCF allemande, NDLR] dont disposent d'autres ingénieries déjà actives sur ce marché », indique Yves Metz.
La nécessité d'un management de proximité. Aujourd'hui, Ingérop Deutschland, forte de 400 collaborateurs et 13 implantations, est perçue comme une ingénierie allemande, ce qui représente un atout indéniable pour conquérir les marchés. « Comme en France, les décideurs aiment travailler avec les acteurs locaux qui disposent d'un ancrage territorial fort en plus de leur savoir-faire technique », confie le responsable. Au-delà de cet ancrage, il convient bien entendu de connaître les normes nationales et de s'y adapter. Enfin, le processus de contrôle technique représente une spécificité complémentaire. « Il faut apprendre à connaître les contrôleurs, anticiper leurs avis, travailler de façon intégrée en amont avec eux », ajoute-t-il.
Dernière particularité : en Allemagne, si l'on veut apparaître comme un acteur global en bâtiment, il faut disposer en interne de compétences en architecture. « C'est l'une de nos ambitions et nous aurons sans doute besoin d'une année pour la concrétiser », prévoit Yves Metz, qui ajoute qu'Ingérop souhaite aussi accélérer son développement dans le transport d'électricité, comme avec RTE en France. Le groupe n'en a donc pas fini avec ses ambitions germaniques. « Nous réaliserons vraisemblablement une acquisition par an dans les prochaines années, avec l'objectif de compter 1 000 collaborateurs dans ce pays au début de la prochaine décennie », conclut le président d'Ingérop.