Construit en 1937, le Musée d’art moderne de la ville de Paris vient de subir d’importants travaux. Pour faire face au risque incendie, la préfecture de police a imposé, dès 1999, une amélioration des conditions de sécurité du bâtiment. Si cette problématique devient de plus en plus fréquente dans les établissements recevant du public, plus rares sont les interventions respectueuses de l’architecture du bâtiment.
« Dans le cadre de ce projet, il s’agissait pourtant d’un prérequis », explique l’architecte Patrick Rubin. Avant d’entamer les travaux qui risquaient de modifier la volumétrie et la vision des espaces, la structure en béton de type poteaux poutres a été rendue stable au feu 1 heure grâce à un enduit ignifuge projeté dont la rigidité garantira la durabilité.
La deuxième étape des travaux, la plus délicate à traiter pour l’architecte, a concerné le compartimentage et le désenfumage des zones ouvertes au public. 11 zones réparties sur 5 niveaux ont ainsi été définies. Elles ont été isolées les unes des autres par des parois coupe-feu de degré 1 h 30. Pour l’accès aux salles, ces parois ont été dotées de portes pare flammes capables d’empêcher la propagation du feu en cas d’incendie.
Casse-tête des gainesde désenfumage. La plupart des salles du musée ayant une grande hauteur sous plafond (supérieure à 4 m), des portes ont été conçues sur mesure. Dans certaines configurations, elles ont été dissimulées derrière une double cloison. Suspendues sur un rail porté par un portique béton, elles coulissent en cas d’incendie pour isoler les compartiments. Ces portes de grandes dimensions présentent la particularité d’intégrer les portillons en va-et-vient qui permettent l’évacuation du public en cas d’incendie, dans les deux sens. Lorsque l’espace disponible n’a pas été suffisant, des portes battantes ont été mises en place. Enfin, pour isoler certains compartiments en limitant l’encombrement, l’architecte a fait appel à un écran motorisé en textile (Fibershield de Gesop). Intégré dans un coffre de 200 mm de hauteur et 190 mm d’épaisseur, le rideau pare flammes tire profit de sa légèreté (30 kg/ml de largeur d’ouverture) ; une solution parfaitement adaptée à cette ouverture de grande dimension qui dépassait 5 m de largeur.
L’autre difficulté a concerné l’intégration du système de désenfumage. Véritable casse-tête, il a fallu envisager des solutions ne perturbant pas l’accrochage des œuvres. 1,5 km de gaines chemine désormais dans les faux plafonds et doubles cloisons du musée. « Le challenge était difficile lorsque les exigences réglementaires nous ont obligés à faire passer des gaines de 1,50 x 1,50 m de section », indique Patrick Rubin. « Mais il était surtout important de masquer les grilles d’extraction », poursuit-il. D’où la présence de joints creux et de chicanes horizontales sur la périphérie des plafonds.
Pour les arrivées naturelles d’air neuf situées en partie basse, la même question de l’effacement s’est posée. Des chicanes ou des grilles métalliques verticales placées sur toute la hauteur du volume ont permis de résoudre le problème.
Seule ombre au tableau, la climatisation des espaces n’a pas été incluse dans le projet. Si l’absence de traitement de l’air n’a pas de répercussion sur la sécurité du musée, il faudra probablement ouvrir à nouveau les faux plafonds pour intégrer ces équipements. Quoi qu’il en soit, le Musée d’art moderne rouvrira ses portes le 2 février avec une exposition consacrée à Pierre Bonnard.

